L'histoire :
En 1914, le petit et turbulent Georges Rémi doit supporter les tours de chant des amies de sa mère : « Ah je riiiiis de me voir si belle en ce miroir… ». Pour l’éloigner des bêtises, sa mère lui donne des crayons et du papier pour qu’il dessine… Neuf ans plus tard, Georges est chef scout à bord d’un bus en panne, en plein hiver, à 800 mètres du haut du col du Grand Saint Bernard. Il s’illustre en sauvant un camarade coincé sur un piton rocheux, tandis que son père s’inquiète de son avenir professionnel. En 1928, Georges débute au sein du XXème Siècle, un journal catholique belge, dont l’abbé Wallez – fasciste et virulent idéologue d’un catholicisme extrême – est directeur. Vu ses piètres talents en tant que reporter, on lui demande de créer un personnage vertueux, aventurier, pourfendeur du bolchevisme, avec l’esprit missionnaire. Et tant qu’à faire, autant qu’il ait un chien : les enfants aiment bien les chiens… Tintin et Milou naissent ainsi et leurs aventures chez les Soviets connaissent d’emblée un grand succès, en 1930. En 1934, la popularité de Tintin est déjà si forte et cosmopolite, que son périple dans le Japon du Lotus bleu valent quelques soucis diplomatiques à la direction du journal…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Initialement paru en 1999 (pour les 90 ans de la naissance » d’Hergé), le one-shot Les aventures d’Hergé reparaît aujourd’hui dans une version enrichie et augmentée. Présentée « à la manière » d’une aventure de Tintin, il s’agit évidemment d’une véritable biographie plutôt d’Hergé que d’aventures trépidantes. La narration se découpe en plusieurs chapitres, chacun éclairant d’une année spécifique une étape de la vie privée d’Hergé : 1914 son enfance tumultueuse ; 1925 son expérience chez les scouts ; 1928 l’arrivée au Petit XXème ; 1930 le succès des Soviets ; 1934 son amitié avec Tchang, etc. A travers ces focus, les scénaristes José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental (tous deux éditeurs, désormais) glissent moult clins d’œil à la série culte, que les tintinophiles s’amuseront à repérer (la tête de vache en coulisses, la voyante et son assistant…). Le dessinateur Stanislas fait quand à lui une prouesse en rendant hommage à la « ligne claire » inventée par Hergé, à travers un style graphique fluide et proche, qui ne cherche jamais à l’imiter. La démarche ne cherche pourtant pas à sacraliser l’auteur et son œuvre, mais plutôt à rendre compte d’étapes clés de sa vie privée, avec tact et tendresse (la rencontre avec Warhol, le second mariage, la perte d’énergie…). Oscillant entre le véridique et le fantaisiste, les anecdotes relatées permettent de mieux cerner la personnalité de Georges Rémi, plus connu sous ses initiales pseudonymes d’Hergé, créateur de Tintin et Milou et considéré comme le « père de la bande dessinée européenne ». Il sera sans doute difficile pour la majorité des lecteurs de faire la part des choses entre l’authentique et le clin d’œil… mais le résultat est tout de même intéressant car éminemment documenté, quoiqu’un brin « passif ».