L'histoire :
Virgule a un grand projet : se faire faire de la chirurgie esthétique ! Achille Talon, furieux de cette décision contre-nature, se lance dans un grand discours contre cette pratique esthétique à outrance.
Lefuneste et Achille se promènent en ville et Achille sent qu'il est temps de manger. Il s'arrête devant un petit fast-food grec et
demande à Lefuneste d'observer son tact et sa connaissance des peuples étrangers. Le prenant pour un indigène, Achille parle au vendeur dans un français simpliste. Lefuneste est effaré...
Un jour, Lefuneste vient demander une tondeuse à Achille. Mais celui-ci sursaute, saisi d'horreur. Lefuneste a fait une faute d’orthographe quand l'auteur a écrit la bulle. Choqué, Achille comprend que les nouveaux auteurs de son album ne sont pas à la hauteur. Pourtant, Lefuneste lui rappelle que la faute d'orthographe est à la mode, aujourd'hui...
Lefuneste et Achille font un vide-grenier et sont contents de voir autant d'objets. Lefuneste finit par remarquer une sculpture en bois qui serait du plus bel effet sur sa commode. Mais le vendeur propose un prix exorbitant. Achille se propose de négocier pour lui...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Achille Talon est de retour dans ce tome 2 signé Fabcaro et Serge Carrère. Le célèbre personnage gros-nez de Greg fait encore des siennes avec son langage fleuri et ses longues tirades. Les bulles sont toujours aussi énormes et le langage archi soutenu. Dire des choses simples de façon complexe et allonger les phrases jusqu’à en devenir un modèle proustien, cela n’est pas donné à tout le monde. Fabcaro n’a pas son pareil pour en faire une véritable figure de style. Ainsi, Talon participe pour la première fois à une manif et sa pancarte est bien sûr démesurée avec un texte très fourni. Talon use de son langage pour séduire avec des mots sans égal : « car, voyez-vous, une relation, eût-elle l’éclat d’un diamant du Botswanga, ne brille de ses mille feux que lorsque, à l’instar d’une œuvre d’art, elle s’offre aux regards envieux de quidams qui, d’un œil en coin, la scrutent comme le reflet inaccessible de leurs propres aspirations… nous offrons ainsi l’écrin de velours qui sied à notre belle amitié »… Rien que ça ! Alors, quand un tel langage désuet et pompeux côtoie des gens de la rue, cela fait des étincelles ! Les auteurs jouent également sur le décalage entre le discours aristocratique d’Achille et la génération d’aujourd’hui, comme cet excellent strip où notre héros de la langue française est interviewé par une radio ultra branchée. Beaucoup de gags reposent sur les disputes incessantes entre Talon et son voisin Lefuneste. Les jeux de mots sont légion et notamment avec des titres bien sentis. Un nouveau personnage fait aussi une apparition tonitruante : la Marquise de Bougrin-Maussadine-de-la-Marinière-en-Valmont-des-Gonades. On voit aussi le pauvre Achille se débattre, tant bien que mal dans sa relation platonique avec Virgule. Enfin, Fabcaro s’offre le luxe de multiplier les mises en abyme où Achille parle de ses propres bandes dessinées et décortique l’art de « faire du Achille Talon » ! Un tome jubilatoire donc, d’autant que le dessin de Serge Carrère est impressionnant. Si Fabcaro a le talent pour reprendre l’imagination brillante et la gouaille de Greg, le dessinateur parvient à imiter à la perfection le style graphique de la série. Talon a su rester simple, oui, mais il a su aussi rester particulièrement efficace !
