L'histoire :
Achille Talon doit se mettre à la page car il ne veut pas devenir un héros « has been » et ringard. Du coup, il s’essaie aux nouvelles technologies. Conquérant et plein d’optimisme, Achille se rue tête baissée sur le monde d’aujourd’hui. Cependant, la transition ne se fait pas sans mal, d’autant que son ami Lefuneste lui rappelle que nous sommes au XXIème siècle et non au XXème siècle ! Achille tente de découvrir l’ordinateur, mais il tâtonne et se couvre souvent de ridicule. Il fait ensuite l’acquisition d’un téléphone portable mais là encore, il enchaîne les mésaventures plus cocasses les unes que les autres. Pourtant, Achille Talon y voit beaucoup de positif puisque ces nouvelles technologies lui permettent de multiplier ses contacts avec la douce madame Virgule. Son langage doit aussi changer et s’adapter. Il faut dire qu’Achille aime manier une langue complexe et désuète. Du coup, il s’essaie à des mots familiers, à du « verslent » ou à des termes anglicisés. Finalement, ses tentatives sont ridicules et peu naturelles. C’est décidément le temps du changement puisque Achille veut aussi perdre du poids. Il est là aussi plein de bonnes résolutions, mais l’action est beaucoup plus difficile à mettre en place…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quinze ans après la mort du papa d’Achille Talon, Greg, l’homme au gros nez et aux bons mots est de retour. Fabcaro et Serge Carrère s’attellent à cette tâche difficile de la résurrection, et le rendu est finalement plus qu’honorable. On retrouve en effet avec plaisir les personnages de la série, dont le fameux Lufeneste et son physique atypique. Et l’on se délecte des longues tirades d’Achille Talon, au langage fleuri et très soutenu. L’idée de base est en plus intéressante et habile : en pleine adaptation au monde contemporain, Talon se ridiculise régulièrement sur des saynètes cocasses et souvent assez drôles. Cette thématique de la technologie permet d’établir un fil conducteur entre les gags. La confrontation entre un personnage de bande dessinée classique et le monde d’aujourd’hui peuplé de jeunes branchés ou de rappeurs de banlieue est choc et provoque souvent des situations intéressantes. Fabcaro est inspiré et place le bedonnant héros dans des scènes grotesques : on rit quand il tente d’utiliser son téléphone ou un ordi ou quand il laisse un message sur Facebook®. On découvre également notre héros comique en train de séduire madame Virgule par le biais de la technologie – l’occasion de parler de l’amour et de la façon de séduire aujourd’hui via le net. La deuxième partie sur le poids est malheureusement un peu plus faible dans les traits d’esprit et les chutes. Il faut également reconnaître que Fabcaro use et abuse de la langue talonnienne, jusqu’à saturation. Le langage aristocratique donne lieu à des bulles énormes et à un décalage qui finit par lasser, à la longue, tant la caricature est grosse. Cependant, les personnages imaginés par Greg reprennent vie de belle manière, notamment grâce à un travail remarquable de Serge Carrère. Son dessin respecte bien l’art de Greg tout en le modernisant… Il faut bien vivre avec son temps !