L'histoire :
Im-pen-sa-ble ! Jérémie Chibouz, grand duduche au charisme d’une huître, est sur le point d’emménager avec Honorine, une petite nana super canon, super gentille et surtout super riche. La maison dont elle vient d’ailleurs d’hériter et dans laquelle ils emménagent est entourée d’un parc, possède un nombre incroyable de pièces et les lits sont tous à baldaquin. Elle passe son brevet de pilote de ligne et lorsqu’elle achète des meubles design dans une boutique privée, elle fait envoyer à son père une facture de plus de 220 000 euros. Autant dire que Jérémie fait tâche dans le décor ! Le regard glacial que son futur beau-père pose sur lui est d’ailleurs lourd de sens. Heureusement, il peut compter sur son pote Moselle pour décharger ses angoisses. En bon obsédé sexuel, Moselle le persuade d’aller faire un tour dans un club échangiste, juste pour voir. L’ambiance sordide qui règne à l’intérieur a tôt fait de faire fuir Jérémie. Mais le voilà à présent hanté par les remords. Ajoutez à cela que la nuit, dans cette grande maison lugubre, le fantôme de Dombrowitz, un copain du lycée qui est mort d’une hémorragie interne suite à un éternuement (!), vient rendre visite à Jérémie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jérémie est un peu à la BD ce que Woody Allen est au cinéma : un angoissé pathologique. Dans le troisième volet de ses Pauvres aventures…, qui a reçu le prix Goscinny du scénario en 2003, Riad Sattouf charge la dose de stress. Le « héros » – plutôt un anti-héros – est hanté par le fantôme d’un ami récemment décédé ; il emménage dans une grande maison sinistre avec une fille issue d’une « caste » sociale bien supérieure à la sienne ; il se sent obligé de changer de look et pour dominer son stress, il ne trouve rien de mieux que d’aller en douce dans un club échangiste, juste par « expérience ». Bref, en guise de rêve, il s’agit plutôt ici d’un cauchemar. Il y a un peu de chacun d’entre nous à travers les réactions de ce grand dadais, que Sattouf parvient à retranscrire avec justesse. Aux névroses jubilatoires de Jérémie, l’auteur entremêle une foule d’aventures urbaines ordinaires. Truffé d’anecdotes originales et hétéroclites, le récit est donc bien dense ! La modernité de son dessin, simple et très stylisé, suffit toutefois à vivifier cette réalité citadine contemporaine en quelques traits, notamment à travers des tronches très « parlantes » (la rédac chef, l’artiste américain, le « versaillais » de service…). Réjouissant !