L'histoire :
Assise sur un rocher face à la mer, Cléopâtre s’interroge sur son Alexandrie disparue en compagnie de son singe. Elle se demande où sont passés ses palais... L'île sur laquelle ils avaient été érigés, s'est abîmée en mer en 365 après J.-C. à cause d'un tremblement de terre. Et le phare d'Alexandrie, où est-il ? Il a été détruit par un autre séisme en 1349 après J.-C. Dans la mer, des morceaux de plastique flottent. Où est passée son Alexandrie de naguère ? Elle s'interroge. C'est bel et bien un homme qui a changé la face de son monde. JC, le fameux Jésus-Christ. Même l’Histoire a transformé l'image de Cléopâtre : on ne retient d’elle que son nez et ses amours avec César et Marc-Antoine. Pourtant, elle était une grande érudite qui parlait dix langues, une stratège qui a tenu en respect l'Empire Romain, une reine puissante qui a lu tous les philosophes, une femme ensorcelante qui a séduit les maîtres de Rome au gré de ses envies. Mais les siècles ont réduit son héritage à une légende. Cléopâtre, fantôme éternel, s’apprête à rejoindre les siens. En chemin, elle décide de raconter sa véritable histoire, bien différente de celle qu’on connaît...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Si le nez de Cléopâtre eût été plus court, toute la face du monde aurait changé ». Cette célèbre citation de Pascal trouve une résonance particulière dans cet album d’Isabelle Dethan. L’autrice, dont le terrain de jeu est l'antiquité et plus particulièrement l'égyptologie propose une version nouvelle de la reine d’Égypte. Les stéréotypes l’ont souvent réduite à une simple séductrice et manipulatrice, qui mettait dans ses draps les empereurs romains. Dethan réussit le pari de réhumaniser une figure mythique de la culture mondiale : Kleopâtra Philopator de son vrai nom. Elle la présente dans ses relations complexes, de son enfance à son mariage avec son frère, sans oublier sa romance avec César et Marc Antoine. Chaque moment de sa vie est revisité avec tendresse et profondeur, tout en offrant des touches de légèreté et d’humour, notamment grâce au duo de Cléopâtre avec son confident momifié. Les dessins sont d’une grande finesse, alliant réalisme et onirisme, avec notamment les scènes d'introduction, illustrant une Cléopâtre fantomatique baignée d’une lumière dorée de l'aube alexandrine, et des scènes vivantes vibrantes de couleurs « aquarellées ». Ce récit touchant et captivant nous offre une face cachée de la reine. Pour parfaire votre cléopatrologie, on ne peut que vous conseiller de revoir le très long-métrage (3h53 !) signé Joseph L. Mankiewicz avec Richard Burton et Elizabeth Taylor dans les rôles-titres... ou d'aller voir sur grand écran le Cléopâtre de Gal Gadot, l’actrice magnétique de Wonder Woman 1984. Rien que ça !
