L'histoire :
Avant de devenir 200 pages de références dans l’univers de la BD, Où le regard ne porte pas a été une longue aventure débutée quelques sept années auparavant. C’est sur les bancs de l’école primaire qu’Olivier Pont et Georges Abolin ont éprouvé leur passion commune de la bande dessinée, imaginant ensemble leurs premières histoires dés le CM2. Le talent aidant, ils transforment l’essai en publiant chez Vents d’Ouest, Capt’aine Kucek, leur première série. Souhaitant s’offrir une histoire à découpage relax et permettant de faire respirer un récit pour un projet à forte pagination, ils confrontent leurs idées, leurs envies : bord de mer, rochers, criques, ciel bleu, rivalité sentimentale, passage du réaliste au fantastique, balisent ainsi leurs premières recherches. Pagnol et Cauvin sont là, quelque part, tout prêt d’eux pour jeter ici ou là quelque grains de sel inspirés : tout semble bien parti. Le projet est d’abord proposé à Vents d’Ouest qui décline l’offre semble t-il un peu couteuse : premier coup dur. A l’inverse, il séduit Christophe Lemaire pour les éditions Le Téméraire. Olivier Pont se lance alors en 1997 dans la réalisation du premier tome d’Où le regard ne porte pas (mieux que quelque chose comme « Les aventures de Lisa et ses 3 copains » d’abord imaginé par Abolin). En route pour un labeur de 3 années…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est un superbe objet qui arrive à point nommé, alors que le vieux barbu commence à faire virevolter son bonnet rouge à pompon, entre les premiers flocons : un coffret contenant un story-board complet du tome 2 ; des planches inédites, des dessins retravaillés et comparés, des crayonnés et les nombreux projets de couvertures d’un des plus beaux cadeaux que le 9e art nous ait offert ces dernières années. Qui s’est laissé en effet envouté par le bleu du ciel méditerranéen et les pétillants gamins d’Où le regard ne porte pas, attendait sans conteste de prolonger d’une manière ou l’autre ce beau moment. S’il faut bien avouer qu’un prolongement scénaristique nous aurait principalement comblé (et vous verrez en lisant ce making-of que les compères avait tout plein d’idées pour faire durer), fouiller avec 2 talentueux auteurs dans leurs cartons reste une belle idée. Outre les surprises graphiques (la saveur de l’inédit et du « ce que ça aurait pu »), l’ouvrage s’assemble autour d’un long entretien introspectif des 2 auteurs, mené par François Le Bescond (de la maison Dargaud). Tambouille technico-technique (pas toujours très évocatrices pour le profane), tergiversations, remises en question, réécriture (et reprise complète des 15 premières planches du tome 2) font la démonstration de l’incroyable challenge que constitue la réalisation d’une série et des tonnes de boulot à fournir pour que l’exigeant consommateur de bubulles et de jolis coup de crayons soit satisfait. Un bel ouvrage pour collectionneur qui permet de prendre à nouveau du plaisir dans l’observation de la mécanique d’une série à succès.