L'histoire :
C'est les grandes vacances ! Il fait tellement beau et chaud que Pico passe le plus clair de son temps à buller dans sa piscine gonflable et qu'Ana Ana se colle aux radiateurs... Car l'été, les radiateurs sont tout frais et la gamine décèle cette double rentabilité toute seule. Autour d'eux, leurs parents ne ménagent pourtant pas leur peine : tantôt le père tire une brouette pleine de sacs de ciment, tantôt il rénove une vieille table... Pico trouve régulièrement des arguments imparables pour s'affranchir de toute aide. Il se balade aussi avec les copains en vélo, en devisant sur le monde ; ou il chasse les moustiques... et se rend compte avec effroi, qu'il a ainsi du sang humain sur les mains ! C'est lors d'un repas sur la terrasse du jardin que la nouvelle tombe comme un couperet : les parents annoncent qu'ils sont invités par un collègue à passer une semaine sur un voilier. Ils demandent donc aux enfants par qui ils souhaiteraient être gardés durant ce temps. Pico et Ana Ana se sentent atrocement abandonnés et trahis. Ils accusent le coup d'une fission familiale (proche de la nucléaire) contre laquelle ils sont impuissants, en dépit de moult processus de culpabilisation mis en œuvre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans une ambiance estivale, ce cinquième recueil s'articule autour d'un fil rouge central : les parents de Pico et d'Ana Ana ont été invités à passer une semaine sur un voilier et ils doivent donc abandonner leur tendre progéniture à la garde d'un proche. Cette traitrise est l'occasion pour les deux enfants de culpabiliser leurs parents à travers (environ) trois quarts de réflexions impertinentes et vengeresses, en amont de ladite semaine. Cette thématique déterminée, le ton de cette série d'humour à part est de nouveau respecté : la plupart du temps, Dominique Roques et Alexis Dormal (respectivement mère et fils dans la vraie vie) imaginent une nouvelle flopée de réflexions infantiles qui peuvent être aussi pétries de bon sens qu'inattendues. Exemple : « Tu sais quelle différence il y a entre moi ? » Quelques rares historiettes font un curieux bide, mais majoritairement, les répliques de Pico et de sa sœur sonnent juste et font mouche. Le dessin de Dormal, avec ces minis bouilles surmontées d'une improbable tignasse (rousse et blonde), via un crayonné soigné et stylisé rehaussé d'aquarelles par touches, ajoute aussi beaucoup à l'attachement qu'on porte inévitablement aux personnages. Deux électrons libres lâchés dans un univers de « grands » : une série de « gags » décidément à part...