L'histoire :
Louis Lamour, un acteur de seconde zone new yorkais, vient d’être retrouvé assassiné à son domicile. Le lieutenant Lenore et son adjoint, Spiaggi sont appelés sur les lieux du crime pour ce qui semble être l’œuvre d’un criminel qui sévit depuis quelques temps. En effet, à nouveau le corps est vidé complètement de son sang. A nouveau une aiguille est enfoncée derrière l’oreille droite de la victime à l’endroit, là aussi, où existait un kyste. Enfin l’inscription : « Votre règne s’achève » orne les murs de la scène de crime comme pour les autres assassinats. Les autopsies pratiquées sur l’ensemble des victimes se montrent riches d’enseignements et mettent en lumière la constitution physiologique particulière de chacun : des organes présentant une fraicheur de nouveau-né, malgré nombres d’abus. Seule anomalie commune : ce fameux kyste. Une excroissance que possède d’ailleurs Figges, le chef de la Criminelle et qui pousse Lenore à le suivre comme un petit chien. Une bonne idée qui la met sur la piste d’une drôle de réunion réunissant mafieux notoires, sénateurs, gros financiers et policiers. Et c’est bien après toute cette clique que le meurtrier en a. Enfin les meurtriers : sœur et frère avides de vengeance et de sang, héritiers d’une longue lignée. Ils sont venus clairsemer les rangs de ceux qui, jadis, ont trahi, en préférant la lumière et le pouvoir, à la nuit et à la destruction, marque pour eux indélébile de la caste des vampires…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bien avant que les vampires ne fassent pousser des suraigus orgasmiques à des ados envoutées par quelques beaux gosses inondant le grand écran, Jean Dufaux et Enrico Marini investissent à leur manière, dés 1998, l’univers des gourmands de sang. Incontestablement au fil de ces quatre albums de Rapaces, le dessin d’Enrico Marini rythme notre engouement fanatique pour la série. Cadrages hallucinants et variés ; colorisation à l’aquarelle impeccable ; nervosité jubilatoire ; décors hyper soignés : tout est superlatif pour décrire le soin apporté à l’esthétisme du trait. Une manière intelligente, alléchante et finalement assez douce, de nous entrainer dans cet univers violent de sang, de sexe brut, de fin d’humanité, bafouant toute moralité. Même si on est peu excité d’ordinaire par ce genre de tambouille horrifique, on se laisse envouter par la puissance irradiante de Camilla et Drago, pour une intrigue imaginée par maitre Dufaux qui sert cet esthétisme aux petits oignons. Ainsi, très habilement (et bien qu’au final le fond du récit ne verse pas spécialement dans l’originalité), il utilise les ficelles du polar à suspens comme harpon puissant, maitrisant impeccablement rebondissements, flashbacks judicieusement explicatifs, action. On peut tenter de comprendre pourquoi Rapaces exerce un tel pouvoir de séduction… Il suffit de constater la parfaite alchimie entre scénariste et dessinateur : l’un se mettent au service des intentions de l’autre et réciproquement. A noter que cette édition intégrale, au format un peu plus grand que la publication originale et augmenté de quelques esquisses en bonus, met encore un peu plus somptueusement la série en valeur. Indiscutablement un beau cadeau.