L'histoire :
Dès son plus jeune âge, Jean Roba a toujours voulu dessiner. Mais plutôt des petites bonhommes aux gros nez que des Saintes Vierges, comme il en beaucoup loupé lors de son éducation catholique. Il rêve alors de pouvoir rentrer chez Disney. Il quitte l’école à 14 ans pour intégrer un atelier de vitraux d’art. Puis, de petits boulots en petits boulots, il arrive chez un photograveur où il apprend beaucoup sur la mise en page. En parallèle de son travail au sein de cet atelier, il suit les cours du soir aux arts déco de Bruxelles et finit, en 1951, par devenir directeur artistique du studio Créas. C’est Rosy qui le fait entrer au journal Spirou, à la grande période du triumvirat Dupuis-Rosy-Delporte, qui vit s’épanouir des artistes comme Peyo ou Franquin. Il est alors l’artiste à tout faire, aussi doué en dessin réaliste qu’humoristique et en mise en page. La polyvalence de Roba est alors son atout et son principal défaut : impossible pour lui d’imposer SA série. Son rêve se précise pourtant de plus en plus : dessiner des gags en une page, mettant en scène une famille composée d’un père, d’une mère, d’un enfant et un chien. Ce sera Boule et Bill, dont un premier gag est enfin accepté en 1959, à l’insu de Charles Dupuis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet épais « art-of » consacré à l’œuvre de Jean Roba, sort en parallèle du 32e recueil de gags de sa série culte Boule et Bill. Roba est décédé en 2006, mais sa série perdure sous les crayons de Laurent Verron (qu’il avait formé à cela avant sa disparition) et les idées de différents scénaristes qui s’escriment à respecter son univers, sans jamais atteindre sa virtuosité, sa poésie naturelle. Dans une première partie Eric Verhoest rédige une biographie illustrée qui revient sur la jeunesse et la carrière de l’artiste : son initiation, sa polyvalence au sein de la rédaction du journal Spirou, la genèse de Boule et Bill, sa « montée en grade » jusqu’à faire les couvertures du magazine. Puis le reste de cet épais recueil empile plus d’une centaine d’illustrations, couvertures, gags, publicités, annonces, de tous types, de toutes sortes, et finalement centrés sur Boule et Bill. Car même s’il a aussi créé la Ribambelle, Roba fut l’homme d’une seule série : il aimait « vivre avec ses personnages [et n’avait] pas le cœur à abandonner ses enfants ». Logiquement un peu suranné, fleurant bon les sixties et les seventies, le résultat est assez cruel envers les héritiers de ce type d’humour bon enfant, et pas seulement les repreneurs de la série. Car trop souvent dans ce type d’humour, la tendresse naturelle semble avoir disparu au profit de ressorts comiques systémiques et finalement assez plats. Roba reste pour toujours un monstre sacré du 9e art.