L'histoire :
Dans le royaume d'Entremonde, les amours secrètes entre Blanche, la très belle fille du roi, et Gaspard, le modeste paysan, doivent prendre fin. Victime d'un attentat, le roi mourant a eu le temps de désigner sa fille pour lui succéder sur le trône. C'est donc Blanche d'Entremonde qui va devenir reine, au grand dépit de son frère Le Bossu, méprisé depuis sa naissance par son propre père. Aux portes du royaume, les ennemis rassemblés doivent revoir leur stratégie : l'attentat contre le roi n'a pas eu le résultat attendu. Au lieu d'un roi bossu sans envergure et plein de ressentiment, c'est une jeune reine adorée du peuple qui va se trouver face à eux. La possibilité d'une résistance populaire massive n'est pas à exclure, la victoire n'est plus une certitude. Alors que les barons comploteurs revoient leurs plans de bataille, Gaspard, l'amoureux déçu, va rendre visite à une sorcière, pour jeter un sort à Blanche. Et la jeune reine, en se rendant sur la tombe de son père, va faire une rencontre tout à fait surnaturelle.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un casting de rêve ne suffit pas à produire à tous les coups un album mémorable. En réunissant le très prolifique et original jean Dufaux et le dessinateur virtuose Jose-Luis Munuera, l'éditeur pouvait espérer un des albums les plus captivants de la rentrée. Il n'en est rien : Sortilèges offre à ce stade une succession linéaire d'évènements à la tonalité fantastique, sans grande originalité. Le récit démarre sur le ton emphatique des contes et légendes, pour évoluer ensuite vers un récit d'aventures et de sorcellerie, en passant par un épisode quasi burlesque mettant en jeu les forces obscures du « royaume d'en bas ». Le dessin de Munuera suit ces variations. Il oscille entre le majestueux et le cartoonesque, sautant presque du coq à l'âne sur le plan du trait, comme de la colorisation très réussie de Sedyas (la page 36 semble sortie d'un autre album...). Bien sûr, la virtuosité du dessinateur est toujours présente, sa fantastique palette de visages et sa capacité à fabriquer des décors dignes des plus beaux dessins animés font toujours mouche. Mais il est difficile de rester concentré sur un album qui propose autant de virages narratifs et surtout, ne se positionne pas encore ni au premier, ni au second degré. En tentant cet exercice de style difficile, Jean Dufaux n'a pas réussi à approcher l'équilibre fragile des films de Tim Burton, auquel l'éditeur fait référence en quatrième de couverture. Le mélange d'audace visuelle, de personnages délirants, de noirceur des sentiments et de gags surprenants, ne fonctionne pas comme prévu. Une recette magique dont les proportions restent à trouver.