L'histoire :
Tanguy et Laverdure ont réintégré le groupe de chasse des Cigognes, mais le premier a du prendre la décision la plus délicate de sa carrière en shootant un équipier devenu fou aux commandes de son jet. Parmi les pilotes, personne ne comprend ce qui a pu pousser un frère d'arme à rompre tous les protocoles alors qu'il était en mission d'interception. Et le fait qu'il ait fini par mitrailler des civils en hurlant qu'il s'agissait de rebelles, puis d'engager un dogfight avec son leader, laisse tout le monde pantois. L'enquête officielle conclut à une psychopathologie. Mais Tanguy et Laverdure connaissaient trop bien Lopez pour admettre qu'il était déséquilibré. Contre tous les règlements et pour laver l'honneur de leur collègue, ils décident de mener une enquête personnelle. Or malgré leurs grandes précautions, leurs manœuvres ne passent pas inaperçues. C'est ainsi qu'en pleine nuit, une équipe de barbouzes s'introduit au domicile de Michel Tanguy. Aussitôt ressorti, le leader ouvre une liaison avec un mystérieux responsable nommé Buck, pour lui dire en substance que le patient 04 a été traité avec succès... Le lundi suivant, Tanguy et Laverdure prennent part à un vol d'entraînement au tir air-sol, conjointement à des Rafales de la Marine qu'ils doivent rejoindre à Landivisiau. Alors qu'ils croisent en haute altitude, le 2000 de Michel commence à piquer du nez et l'émérite pilote ne répond plus aux appels de ses coéquipiers...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fin du diptyque et du cycle avec ce Tanguy VS Laverdure dont le titre claque comme celui du franchissement du mur du son ! A franchement parler, on est en présence d'une aventure que Jean-Michel Charlier aurait sans aucun doute adoubée, voire aimé écrire, tant les éléments qu'il développait dans ses histoires sont présents : des enjeux stratégiques qui menacent l'intégrité de notre Armée de l'Air, de l'action et du spectacle (beaucoup), du suspens (tout plein), de l'humour (une pointe) et du drame (crescendo). Patrice Buendia et Frédéric Zumbiehl ont mis le paquet avec cette histoire de nanos-implants qui permettent de « programmer » et d'augmenter les capacités de pilotes qui deviennent ainsi à la merci de manipulateurs capables d'anéantir leur volonté. Ainsi, le récit flirte avec le genre polar/espionnage, alors que les combats aériens entre pilotes de la même escadrille se succèdent et provoquent la colère des plus hautes autorités, y compris politiques. On vous le redit : tout y est pour qui aime Les Chevaliers du ciel ! Côté dessin, c'est aussi la régalade. Sébastien Philippe réussit à proposer un chara-design à la fois moderne et qui renvoie aussi à la rondeur et l'élégance des traits d'Albert Uderzo, quand il ne nous gratifie pas de manœuvres aériennes qui donnent le vertige. Il ne manque que le son des réacteurs et celui des tirs d'obus, mais ça, on ne pourra pas le lui reprocher ! A noter également, le dossier de fin d'album qui propose une documentation solide sur les vols de qualification de tir de missiles air-air et aussi quatre planches en Noir et Blanc qui mettent en scène le rôle de l'Armée de l'Air dans la gestion de la crise sanitaire. Une fort belle initiative qui conclut de la meilleure sorte cet excellent album.