L'histoire :
En ce jour de grâce de l’an 451, Attila le Hun, à la tête de sa gigantesque armée de barbares, est sur le point de boucler sa conquête du monde. En fait, il ne lui reste plus que la Beauce à assujettir, un territoire plat, triste et morne. Après avoir harangué une dernière fois ses troupes, il les lance donc à l’assaut de la dernière pièce de sa collec’. Accomplie en un temps record, cette ultime campagne laisse comme un goût d’amertume : les gens se sont barrés avant l’arrivée des barbares et surtout, c’est chiant la Beauce. Les hommes sont donc déçus. Mais cela n’est rien comparé au désarroi qui s’empare de leur chef suprême. Car voilà, maintenant qu’Attila a tout conquis, comment va-t-il se distraire, trouver un sens à sa vie ? Peut-on vivre sans satisfaction ? Le délégué syndical de la horde lui explique que piller et violer étant la seule occupation des barbares, ces derniers vont continuer comme si de rien n’était, et même si tout leur appartient déjà. De son côté, le mage polythérapeute lui explique qu’il couve une petite dépression. Attila trouve ça idiot. Alors il le pourfend, congédie tout le monde et part en solitaire, histoire de faire le point, dans la nature. Dans son errance, il est suivi par Ratko l’écorcheur de bébés, un vieillard cul-de-jatte et bien seul…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Réjouissez-vous, Manu Larcenet revient avec une nouvelle Aventure rocambolesque, sans doute ce qui se fait de plus subtil dans le registre de l’humour en BD. Après Sigmund Freud et Vincent Van Gogh, c’est au tour d’Attila le Hun de passer à la moulinette humoristico-philosophique du prolifique auteur. Une fois de plus, les fans de la série vont être ravis par la puissance burlesque de la chose. Car l’air de rien, avec un sens du dialogue contemporain à se bidonner de rire, Larcenet nous balance moult sujets de philosophie ordinaire. La gloire est-elle une finalité ? Que désirer une fois qu’on a tout ? Peut-on vivre sans satisfaction ? Et les maximes bien senties pleuvent. « On ne commence pas une nouvelle vie en fuyant l’ancienne »… Agacé par tant de questions sans réponses, Attila ira même jusqu’à défier Dieu himself pour obtenir des réponses. Or Dieu se cache dans un brin d’herbe, la fameuse qui ne repousse pas une fois Attila passé dessus. Auto-baptisé « le fléau des dieux » (a priori véridique), Attila le dépressif ne parviendra pourtant pas à en découdre avec ce Dieu inaccessible, qui l’abandonnera à ses états d’âme en le traitant finalement de fasciste ! Une fois n’est pas coutume, Larcenet a confié cette fois le dessin à Daniel Casanave. Même si ce dernier respecte au plus proche l’univers graphique stylisé, comique, rapide et moderne de Larcenet, on doit reconnaitre que c’est un chouilla en dessous des autres albums. Enfin, pas de quoi gâcher l’immense plaisir de se sentir intelligent tout en se poilant !