L'histoire :
Tandis que la première guerre mondiale vient d’entrer dans une phase particulièrement meurtrière, le président du conseil est agacé d’apprendre que ses soldats rechignent à aller au combat. Peu disposé à payer de sa personne pour aller sur la ligne de front comprendre les raisons d’un si faible engouement, il décide d’y envoyer un artiste peintre. Et qui d’autre saura mieux dépeindre avec précision et honnêteté ce qui s’y passe, que le grand Vincent Van Gogh ? Mis au pied du mur (d’exécution), ce dernier est bien forcé d’accepter, à contre cœur, rageant que cette décision ait été prise au moment où il allait faire exploser son désarroi à la face du monde. Accompagné d’un général couard et inexpérimenté, Van Gogh traverse donc les mornes plaines ravagées, et entame consciencieusement sa mission. Mais quand les premières planches arrivent sur le bureau du président, le résultat ne les convainc guère. Il y a trop de « jaune »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A peine rétabli de son prix pour le Combat Ordinaire (meilleur album à Angoulême 2004), Manu Larcenet nous remet un petit chef-d’œuvre de non-sens, toujours avec la même verve décapante et le même savoir-faire. Après avoir envoyé Sigmund Freud au Far West dans un premier volet d’une aventure rocambolesque de…, il plonge maintenant Vincent Van Gogh dans la barbare absurdité de la première guerre mondiale. Larcenet s’encombre peu de la réalité historique (Van Gogh est décédé en 1890), mais il le revendique, trouve une pirouette débile pour faire passer la pilule et c’est très bien comme ça. Résultat, Van Gogh en tête brûlée, presque plus tourmenté par les avis néophytes sur sa peinture, que par les tourments indescriptibles des combats, s’écrie « Bloody Motherfucker ». C’est à hurler de rire ! Sens de la dérision, savante mise en scène, dialogues puissants, leçon d’humanisme... Il fallait s’appeler Larcenet pour avoir le génie cynique d’associer la puissance de création d’un des plus grands peintres, à la folie destructrice de la guerre.