L'histoire :
Ce jour-là, Walter, un loup dégingandé et un peu rêveur, perçoit des cris de bébés qui lui déchirent le cœur. Il a tôt fait de retrouver le poupon qui les pousse, aux pieds duquel se trouve un mot : « Ceci n’est pas un enfant, c’est un monstre, faites attention ». Non mais n’importe quoi ! Il est évident que ce pauvre bébé est totalement inoffensif… Walter se met à lui faire gouzi-gouzi sous le menton lorsque le nourrisson lui gobe le doigt avec la bouche, comme d’une tétine. Amusé au début, Walter s’agace rapidement quand il s’aperçoit qu’il est impossible de décrocher le bébé de son doigt. Il a beau le secouer dans tous les sens, le bébé tient et tête. Le voilà obligé de vivre avec « ça » au bout du doigt… Mais il n’a pas tout vu : la nuit suivante, évidemment de pleine lune, le bébé se transforme en un énorme loup-garou, tout poilu et très impressionnant avec toutes ces dents taillées en pointe. Certes, ce con-là tête toujours le doigt, mais Walter panique un peu : il lui fiche un doigt dans l’œil. Or pour dire aïe, il faut ouvrir la bouche : Walter en profite pour se libérer et prendre ses pattes à son cou. A proximité, le seigneur Frazzetius, noble chasseur en manque d’action, noie son ennui dans la bière d’une taverne. Il narre sa vocation à un auditoire passionné, lorsque soudain débarquent dans la taverne Walter poursuivi par le bébé-garou beuglant « Tututte ! »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Walter le loup Jose-Luis Munuera, dont le trait a souvent été comparé au style Disney, fait cette fois la jonction avec un autre représentant de l’animation comics zoomorphe US : Tex Avery. Tout droit sorti de la série jeunesse Merlin (dont le retour imminent est annoncé !), Walter est physiquement un cousin proche du célèbre Coyote (sans Bip-Bip). Son destin emprunte d’ailleurs le même registre de mésaventures surabondantes et burlesques (il chute d’une falaise vertigineuse, tourneboule en ramassant tout sur son passage…). Le scénario est stupéfiant de simplicité : de la deuxième à la dernière planche, Walter tente de se débarrasser d’un bébé-garou qui lui tête le doigt. Cette problématique l’amène à rencontrer en furie moult protagonistes, qui s’agglutinent (au sens propre et figuré) à cette trame. Basique, donc, ce terreau est en revanche idéal pour jouer graphiquement avec la grande plus-value de l’artiste : une expressivité et un dynamisme de trait inégalables. Les tronches des personnages (interloqués, meurtris, béats…) sont à mourir de rire, l’élasticité de leurs morphologies est proportionnelle à celle de nos zygomatiques, bref le comique burlesque fonctionne à plein régime (ah ah le mouton qui tient d’un côté une racine dans la gueule, et de l’autre toute une brochette de poursuivants par la queue…). Cette épopée délirante et caricaturale comblera de joie un très large public.
