L'histoire :
Jusqu’à l’année 3848, John Tiberius Munro était un éminent colonel des forces confédérées. A la tête du vaisseau de guerre Valkyrie, il avait été envoyé mater des indépendantistes sur la 8ème colonie, la planète Egevs. Les rebelles ayant amassés des civils sur les toits des immeubles, en tant que boucliers humains, il avait demandé la procédure au président Vexton et à son Etat-Major. L’ordre avait été net : nettoyez la ville sans vous soucier des dommages collatéraux. En bon militaire, Munro avait déchainé toute la puissance de feu du Valkyrie… Un carnage. Plus de 10 000 morts. Vexton avait alors utilisé Munro comme fusible en déchargeant la responsabilité du massacre sur lui. La justice l’avait condamné à 170 ans de prison ferme, sans remise de peine, sans la moindre considération pour sa femme et ses deux enfants. Aujourd’hui, en l’an 3852, Munro profite d’une mutinerie au sein du pénitencier de haute sécurité de la planète Tullanium, pour se faire la belle. Au terme d’une fusillade sanglante, il s’évade à bord d’un vaisseau en compagnie de trois autres détenus : l’indépendantiste Alisa Rinaldi, le contrebandier Nikolai Kowalski et un génie de la robotique totalement muet surnommé « Treize » (c’est son âge), interné pour avoir tué ses parents sans raison apparente. Au cours de l’évasion, Munro est gravement blessé à l’œil. Ses comparses lui proposent donc de faire une halte sur Egevs pour y être soigné…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça explose sévère en couverture et… cet avant-goût ne ment pas quant au contenu : Warship Jolly Roger est une nouvelle série de science-fiction qui ne fait pas dans la dentelle. Cependant, s’il s’agit bien d’un space-opéra avec vaisseaux stellaires, colonies spatiales et Sylvain Runberg au scénario, ce n’est pas un cross-over d’Orbital. Ici nous restons bien entre humains, donc pas trop civilisés, à une époque encore plus futuriste (l’an 3852). Munro, le héros costaud qui mène les débats, est un colonel renégat qui cherche vengeance et se mue pour cela en pirate de l’espace. Comme tout capitaine pirate qui se respecte, il a un bandeau noir sur l’œil, mais pour autant on reste loin d’Albator et de son romantisme pour gonzesses pré-pubères. Runberg a un triple mérite. Primo, son scénario est d’une juste densité, limpide et efficace, sans temps mort, avec de l’action, des giclées de sang et des flashbacks quand il faut. Ce diable de scénariste sait gâter le grand-public sans se départir d’une certaine profondeur… et sans pitié. Car secundo, cet épisode pilote définit clairement les principaux rôles, les enjeux et les profils psychologiques, sans que ce soit ni lourd, ni consensuel. Et tout en conservant de nombreuses possibilités de personnages et de développements à animer. Tertio, Runberg sait s’entourer de jeunes dessinateurs peu connus, venus d’outre-espace (en l’occurrence d’Espagne) et pourvus d’un talent dingue. Miki Montillo avait fait ses classes dans une histoire courte des Premières armes d’Orbital (Métamorphose). C’était déjà très joli, mais là, c’est encore mieux ! Son dessin semi-réaliste met en scène des personnages expressifs, dans des décors futuristes, high-tech ou post-apocalyptiques corrodés, qui forment un tableau de fond cohérent. Cette mise en place est jouissive et prometteuse. Vivement la suite !