L'histoire :
C’est un grand jour pour Betty Barnowsky, sergent des SPADS, une unité d’élite de l’armée américaine : son rôle dans la mise en échec de l’opération Rouge Total lui vaut d’être reçue à la Maison Blanche par le Président pour être décorée. Pour autant, la belle rousse n’est pas dans son assiette. Juste avant la cérémonie, elle préfère s’enfermer dans les toilettes, gagnée par un « blues » aussi coriace que douloureux. Quelques minutes plus tard, rien n’y parait lorsqu’elle porte fièrement autour du cou une des plus hautes distinctions de la Nation. Mais « le meilleur » reste à venir lorsque le Général Carington s’approche d’elle, porteur de deux nouvelles. D’abord, il lui annonce qu’elle est officiellement promue sergent-chef. Ensuite et surtout, il l’invite à abandonner ses projets de longue permission pour effectuer une mission spéciale : l’accompagner dans la jungle du San Miguel pour éradiquer le dernier nid de résistance des anciens comparses de Mac Call (voir tome 4 et 5 de XIII) qui s’y sont réfugiés. Barnowsky ne prend pas beaucoup de temps pour réfléchir : elle est « son homme » ! Pendant les quelques heures qui lui restent, elle en profite pour retrouver sa sœur cadette qui lui apprend qu’elle va se marier. Mais l’heureuse nouvelle se trouve rapidement supplantée par l’inquiétant malaise dont est victime Betty…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour cette septième petite sucrerie directement piochée dans la bonbonnière lucrative de la célèbre saga, c’est l’un des personnages secondaires les plus récurrents de la série-mère (une dizaine d’apparitions en 22 tomes) qui s’offre son petit coup de projo : la « poisseuse » Betty Barnowsky au minois made in Shirley MacLaine et au courage proportionnel au pétrin dans lequel son destin s’amuse à l’engluer. Apparue dans SPADS (tome 4) aux cotés de notre célèbre tatoué, confirmée par Rouge Total (tome 5), cette attachante sergent du corps d’élite du Général Carrington jouera un rôle non négligeable dans chacun des épisodes auquel elle participera… Le choix scénaristique opéré par Joël Callède nous plonge aux cotés de cette sympathique rousse juste après les événements décrits dans Rouge Total : remise de décoration, mauvaise (ou bonne ?) nouvelle, envie de quitter l’armée et proposition de mission périlleuse au cœur de la jungle du San Miguel par ce diable de général fumeur de gros barreaux de chaises. De prime abord, ce récit purement dédié à l’action (via les aléas carabinés de ladite mission), son lot de petites surprises (parfois capilotractées), ses rebondissements (peut-être un peu convenus) émarge dans la catégorie classique de chez classique, sans forcément relever du grand intérêt. Pour autant, Callède bâtit un opus intelligent, habile dans l’art de superposer à sa trame aventureuse peu originale l’épaisseur psychologique attendue, ainsi que les liens avec les entrelacs de la série-mère souhaités. Pas facile, pourtant, car en s’imposant de ne pas jouer la partition préquelle (donc un récit pré tome 4), la tâche était plus ardue. Mission néanmoins remplie. Car bien qu’occupée dans sa cambrousse luxuriante et humide, on apprend beaucoup du passé de Barnowsky, de ses blessures, de ses sentiments, de ses liens avec XIII, avec Carrington ou de l’amorce de son futur avec De Préseau. Au final, donc, un album plutôt intéressant, pour lequel les propensions particulièrement touchantes du personnage choisie sont on ne peut mieux respectées (voire encore plus mises en lumières). Rien à redire du travail de Sylvain Vallée qui réussit le pari de se fondre dans l’univers XIII tout en gardant sa patte. En particulier en proposant une nouvelle fois une jolie palette de cadrages...