L'histoire :
En plein guerre froide, dans un orphelinat perdu de Biélorussie, Julia et Irina, deux inséparables copines adolescentes, sont réveillées au beau milieu de la nuit par leur surveillante. Celle-ci leur raconte qu’un inspecteur des affaires sanitaires, envoyé par le Kremlin, est en train de faire une visite surprise et qu’il souhaite s’entretenir avec chacune d’elles, séparément. Tandis que la brune Irina patiente dans une chambre glacée, la blonde Julia est emmenée. Quelques temps plus tard, la surveillante réapparait et ordonne à Irina de retourner se coucher… tandis que Julia passe en titubant derrière elle ! La surveillante explique que Julia a fait un malaise en raison du froid et qu’elle doit la conduire à l’infirmerie. Intrépide et courageuse, Irina s’exécute mais elle fait un détour par le réfectoire où avait lieu l’interrogatoire. Tapie dans l’obscurité, elle y aperçoit un officier qui se rhabille et ramasse un couteau maculé de sang. Elle en déduit que son amie a fait l’objet d’un viol sordide qui a mal tourné. Effectivement, le lendemain, Julia ne réapparait pas. Officiellement, elle a été mutée dans un autre établissement. Mais pour Irina, c’est tout à fait limpide : Julia est morte. Elle décide alors de s’évader et jure de venger son amie, coûte que coûte. Cette décision la conduira à effectuer de premières rapines, puis à être recrutée par le KGB, à subir son entrainement intensif, à se marier avec un puissant colonel et à partir aux USA…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Petit rappel : XIII Mystery est une série parallèle à la cultissîme (et désormais terminée) série XIII. A travers des one-shots indépendants, elle propose de focaliser pleinement sur des personnages secondaires de la saga. Pour le casting des auteurs, le principe est inédit et intéressant : tous doivent être des valeurs sûres du 9e art et… ne jamais avoir travaillé ensemble ! Après l’éclairage sur la Mangouste, proposé par Xavier Dorison et Ralph Meyer, c’est aujourd’hui au tour d’Eric Corbeyran et de Philippe Berthet de retracer une partie de la vie d’Irina Svetlanova, la tueuse qui n’a de cesse de traquer XIII dans la série mère. Précisons que l’intrigue qui nous est ici livrée n’a strictement rien à voir avec les manigances autour de l’affaire XIII, ils se déroulent bien en amont. Le mythique numéro n’est même jamais d’ailleurs évoqué ; tout juste la Mangouste et le colonel Amos cachetonnent-ils un peu, mais ils ne détournent jamais le cœur de la problématique qui obnubile Irina : la vengeance de son amie Julia. En effet, ce qui intéresse avant tout Corbeyran, c’est de comprendre la psychologie extrêmement « inhumaniste » de cette tueuse de l’Est. Quel parcours Irina a-t-elle du emprunter pour en arriver à une telle cruauté obstinée ? En grand professionnel, il parvient à livrer une histoire tout à fait prenante et cohérente avec le personnage, qui peut en outre tout à fait être partagée par les néophytes à l’univers XIII. Au dessin, Philippe Berthet colle au plus près de son style rien qu’à lui : son Irina est la jumelle de Poison Ivy, au point d’induire parfois en erreur les fans des deux séries ! Ce petit bémol ne gâche guère sa prestation : ses encrages soignés sont toujours aussi raffinés et agréables. En attendant les interprétations à venir pour le tome 3, autour du « Général W », par Yann et Eric Henninot…