L'histoire :
Monsieur Coupandouille écrit très mal. A l'école, l'apprentissage est un chemin de croix. Un peu bouffon et assez pitoyable, il fait le taquin avec les filles. A la puberté, il dit des gros mots et fait des rêves « concupissants », Coupandouille s'interroge alors : « Deviendrèje vraiment un homme ? ». Après avoir raté le Bachot, il devient petit clerc chez Maître Cheval, mais il est renvoyé, peu après avoir mal rédigé un contrat de mariage : énamouré et l'esprit ailleurs, il a rédigé à la place une lettre d'amour pleine de romantisme sur les futurs mariés... Recruté ensuite par le 345ème régiment d'infanterie, il est une nouvelle fois renvoyé, réformé définitivement pour cause de crétinisme. Bref, pour Monsieur Coupandouille, la vie sera un combat de tous les instants...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
À l’initiative de Georges Fernandes et de Béatrice Arnac, la fille de l'auteur, l'éditeur De Varly exhume un livré oublié de l'histoire de la BD : Mémoires de Monsieur Coupandouille. Et un auteur méconnu, Marcel Arnac, pourtant précurseur dans les années 1930 de l’une des formes modernes du 9ème art. Présenté comme il se doit sous la forme d'un livre de poche, le roman retrace l'itinéraire erratique, tortueux, irrévérencieux et potache de son héros, Monsieur Coupandouille, dont le parcours de vie fut à l'image de la sonorité grotesque du nom. Médiocre à l'école (voir les lettres bourrées de fautes d'orthographe), bizuté à l'armée, en pleine puberté à Fouchetrac dans le Cantal, soldat à Romorantin, il s'essaie ensuite aux affaires et au mariage. Entre temps, un peu de romantisme et d'adultère. A l'appui d'un dessin de presse minimaliste sans aplat et sur fond blanc, l'auteur déroulait une verve satirique mâtinée d'autodérision, s'appuyant sur un humour burlesque, des caricatures grotesques, des running-gags (voir les jolis poèmes d'amour qui se répètent) et des personnages souvent ridicules ou empotés, le tout symbolisé par des traits d'esprit fendards, du style : « Qu'est-ce q'un confluent ? C'est un affluent plus bête que les autres ! ». Monsieur Coupandouille est aussi la critique d'une société rigide, mais aussi de la guerre ou de ses profiteurs. Malgré son côté très désuet, voilà une belle initiative qui vise à réhabiliter un auteur et un livre méconnus. Seul regret, justement, la volonté insistante de la préface et de la postface (qui replacent le livre dans son contexte, en plus d'éléments de biographie) à vouloir absolument légitimer le talent d'écriture de Marcel Arnac. Le livre en lui-même devrait suffire...