L'histoire :
Tout près de Verdun, en ce début d'année 1916, la troupe d'Armand tue le temps dans les tranchées pleines de boue, sans consigne immédiate. Arsène interpelle ses compagnons en revenant du camp d'à côté, où il a croisé des tirailleurs sénégalais, visiblement les premiers hommes noirs qu'il lui ait été donné de voir. Ses propos racistes divisent la troupe, partagés entre ceux qui restent indifférents et Pierrot qui veut lancer la discussion et défendre des valeurs humaines de respect et de tolérance. Denis fera le premier pas en allant parler à Mamadou, qui vient du Sénégal et partage avec son compagnon d'infortune sa difficulté toute simple à supporter le froid et la pluie de l'est de la France. Mais bien vite, les enjeux militaires vont prendre le dessus, et les tentatives d'Arsène de provoquer un soldat sénagalais sont emportées par Armand qui rassemble la troupe. Ils doivent quitter leur camp pour aller renforcer la défense du fort de Douaumont, menacé par les allemands. Lorsque la marche sous une pluie battante se poursuit et qu'ils ne se dirigent visiblement pas vers le fort, ils apprennent qu'il va leur falloir s'interposer entre les ennemis qui progressent et le fort. Ils prendront position à Louvemont, et devront faire de leur mieux avec de très faibles moyens.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Corbeyran poursuit avec une parfaite maîtrise sa chronique d'un groupe d'amis qui se retrouvent combattants de la première guerre mondiale. En traversant des dates clés du conflit, il dresse petit à petit le portrait riche et plein de justesse d'hommes normaux dans une situation qui sort totalement de l'ordinaire. Le cœur historique de ce nouveau volume est la prise du fort de Douaumont au début 1916, que le scénariste aborde d'une manière parfaitement claire, avec des faits précis et un enchaînement imparable. La grande force de son récit est le pitch initial qui présente Arsène chez lui après le conflit, qui rentre de son jardin où il est allé cueillir des tomates. En quelques cases, le suspense est en place et l'envie de savoir ce qui est arrivé à ce personnage pas très sympathique plonge le lecteur au sein de la troupe des soldats qui marchent vers un combat perdu d'avance. Etienne Le Roux, Loïc Chevallier et Jérôme Brizard continuent de mettre en scène avec une grande exigence ce récit sombre mais touchant. Les dernières planches de l'album proposent une séquence en touches de gris et sépia d'une beauté graphique à couper le souffle, point culminant d'un album à nouveau très réussi. Le sans faute continue pour une des séries à thème les plus réussies de ces dernières années.