L'histoire :
L'histoire commence avec une promenade d'Hermeline au cimetière du village, accompagnée de ses enfants qui grandissent dans la douleur de l'absence de leur père. Armand est donc mort au combat, quelques années plus tôt. Au printemps 1917, les troupes françaises vont vouloir reprendre le contrôle du plateau de Californie, dans l'Aisne, dont les Allemands ont pris possession au tout début de la guerre. Le soir, au campement, Armand fume une cigarette et partage avec deux de ses hommes les plans du lendemain. Le général Mangin a prévu une attaque combinée sur le Chemin des Dames, et la troupe aura le rôle difficile d'attaquer en contrebas d'une position fortifiée. Les hommes sont résignés à cette bataille où ils risquent fort de perdre leur vie. Maurice continue de dessiner pour exorciser sa peur, annonçant dans une lettre à Nini qu'il vit probablement son dernier soir. Les scènes morbides côtoient les portraits souriants de ses compagnons d'infortune, ceux qui, demain, vont marcher avec lui sous les bombes et les tirs. L'assaut du lendemain ne sera qu'un début. Le mois d'avril est terrible, et dans la troupe des voix s'élèvent pour appeler à la désertion.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cette étape du Chemin des Dames, le septième tome de la série plonge évidemment une nouvelle fois dans la gravité, à l'image des soldats de cette guerre qui étaient partis au front convaincus d'une victoire rapide. La structure du récit est forcément proche des épisodes précédents, mettant en avant une bataille célèbre qui en constitue le point culminant. Etienne Le Roux et ses deux complices ne font pas dans la dentelle en montrant les dégâts des obus, les corps mutilés et les visages des soldats. Mais la place finalement modeste accordée au combat, et l'absence presque totale d'une vision de l'ennemi, illustrent la force du regard de Corbeyran. Il ne montre de courage que lorsque les hommes se portent secours, laissant le lecteur dans la même perplexité que ceux des tranchées, sous une pluie de bombes sans visage. Les sauts dans le temps, après la fin du conflit, sont de plus en plus forts et lourds de sens. Ils prennent une profondeur impressionnante en montrant un retour à la normale et les traumatismes qu'il contient. Et le doute dramatique qui s'installe dans l'esprit de ces hommes, comme les autres, sur le sens de la guerre, et la cruauté de leurs généraux.