L'histoire :
Dans un parc ensoleillé, en promenant un bébé dans une poussette, les femmes de Pierre et Maurice discutent des nouvelles du front, essentiellement envoyées par Momo, car Pierre écrit très peu. Jocelyne décide alors de faire prendre un cliché de son fils par le photographe qui s'est installé dans le jardin public. Sur le front, Pierrot est contacté par ses amis pour les sortir d'une situation inattendue. Un tank fourni par les anglais est tombé en panne sur le terrain, ses commandes ne répondent plus, et seul un mécanicien de sa trempe a des chances de remettre l'engin en marche. Sans quoi l'avantage attendu par cette nouvelle arme de guerre prétendument révolutionnaire ne fera pas long feu. Les jours passent et l'accordéon que le mécano a reçu en cadeau pour avoir dépanné un paysan du coin va permettre aux soldats de passer une soirée pleine de bonne humeur et de chansons paillardes. Lorsque le courrier arrive, c'est Jules qui va apporter à Pierre une lettre inattendue, alors que ce dernier est allongé sous le char d'assaut qu'il tente de réparer. A peine a-t-il eu le temps de découvrir la photo de son fils Perrin, qu'un avion français touché en plein ciel s'abat près d'eux, au milieu du no man's land couvert de barbelés. Le pilote est encore vivant, il va falloir aller lui porter secours. La courte paille va désigner celui qui accompagnera Armand la nuit suivante, sous la menace du feu allemand...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La série 14-18 est probablement le chef d'œuvre toutes catégories confondues du scénariste Eric Corbeyran, l'histoire poignante et réaliste d'un groupe d'amis dont la vie bascule avec le départ à la guerre. Dix albums en tout, parus sur cinq ans, regroupés ici dans une intégrale en deux volumes. L'occasion est immanquable de plonger dans cette série de destins parallèles, les aller-retours entre le village d'où les hommes sont partis et la vie sur le front. Avec cette réédition, on redécouvre une saga pleine d'humanité qui met des hommes simples face à l'absurdité absolue. Le talent du scénariste s'exprime pleinement sur ces cinq derniers épisodes qui donnent le temps de plonger dans les personnalités de chacun, avec finesse, justesse et émotion. Les repères historiques sont là pour ancrer les épisodes successifs dans les grands moments de la guerre. Cette deuxième moitié d'intégrale commence d'ailleurs par un des récits les plus brillants de la série qui inclut des moments improbables de rires au milieu du drame. Corbeyran va aussi préparer petit à petit le retour à la vie normale avec les jalons posés au cours de ces quatre années. Jusqu'à la toute fin du dernier épisode, la série tiendra ses promesses et se montrera à la hauteur d'une belle ambition. Le travail des dessinateurs, Loïc Chevallier et Etienne Brizard, est lui aussi d'une grande force. Les trois illustrateurs n'ont jamais reculé devant l'exigence d'un récit très réaliste. Ils ont contribué à donner à cette épopée les images qu'elle méritait, profondes et sans concession. Les lecteurs qui n'avaient pas encore ouvert un album de 14-18 peuvent plonger sans hésiter dans cette œuvre remarquablement construite, qui fascine autant qu'elle conduit à réfléchir sur un drame à la portée absolument universelle. Une œuvre superbe et abordable à la fois, pour presque tous les publics, qui restera pour beaucoup un grand moment de leur expérience de lecture de bande-dessinée. Absolument indispensable !