L'histoire :
Les Mystères (des) voix de l’ouest : Enfant dans les années 60, Jérôme Michalon est fan de la série télé Les mystères de l’ouest. Une question existentielle le taraude alors, jusqu’à l’empêcher de dormir la nuit : comment est-il possible que la voix de Jim puisse être la même que celle de Josh Randall dans Au nom de la loi. Quand il évoque ce point sensible avec ses potes à l’école, ces derniers se fichent de sa poire et l’envoient consulter un oto-rhino. Il lui faut attendre d’être interpellé par un des acteurs du petit écran, lors d'une visite explicite à l’intérieur du poste, pour piger la technique du doublage…
Le francophonissime : Sur un plateau de l’ORTF des années 70, un jeu télévisé animé par Pierre Tchernia se fait le relai des frictions entre l’animateur caractériel Léon Zitrone et maître Capello, chantre tatillon insupportable de la langue française et de son étymologie…
Les dossiers de l’écran : Un mardi sur deux, au cours des années 70 et 80, était consacré sur la deuxième chaine nationale française, aux « Dossiers de l’écran » : un grand film suivi d’un débat de société, en général très animé. L’heure du coucher s’accompagnait alors, pour les enfants, de la musique de générique particulièrement angoissante, de quoi traumatiser en profondeur, pour toute une vie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce (premier ?) ouvrage collectif offre à divers auteurs du 9e art de se remémorer et d’honorer, à travers plusieurs historiettes de bande dessinées, les belles heures de la télévision de leur enfance. L’expression « A vous Cognacq-Jay ! » était à l’époque lancée en fin d’intervention pour rendre l’antenne, et désignait la rue où se situaient les célèbres studios de l’ORTF (Office de Radiodiffusion Télévision Française). Orchestré, codirigé et co-scénarisé par Xavier Cucuel, l’album est un peu à la BD ce que l’émission les Enfants de la télé a été, il y a peu de temps encore, à… la télé (l’indéboulonnable logo de l’INA en moins). Les plus jeunes lecteurs y trouveront quelques échos didactiques sur ce que l’époque elle-même a classifié en « 8e art » (les arts médiatiques). Mais c’est surtout aux jeunes téléspectateurs de l’époque – soit les trentenaires, quadra et quinquas d’aujourd’hui – que le recueil s’adresse : un parfum de nostalgie les gagnera forcément sur l’un ou l’autre des souvenirs retranscrits. Parmi ceux-ci, les premières séries américaines (et le mystère de leur doublage, par l’excellent Nicolas Barral), l’angoisse ultime qui se dégageait de la musique des Dossiers de l’écran (par Etienne Le Roux), la niaiserie incomparable de Thierry la Fronde (avec Jean-Claude Drouot en collants moulants), les envolées lyriques non maîtrisées d’Alain Decaux, le petit conservatoire de Mireille, la séquence du spectateur, voire encore la mire (ou l’hypnotique et kitschissime horloge). Pour honorer les premières célébrités du PAF, deux caricatures plein pot d’animateurs emblématiques sont également au menu : Guy Lux, chiadée par le maître de l’exercice Morchoisne, et Pierre Tchernia par un autre spécialiste, Patrice Ricor. Bien entendu, la télévision des années 60-70 étant en noir et blanc, l’ouvrage est donc scrupuleusement dénué de couleur.