L'histoire :
A la veille de la première guerre mondiale, Sir Henry Adamson, un aventurier en mal d’action, est recruté par le gouvernement britannique pour une curieuse mission : des morutiers ont cru découvrir, au large du Spitsberg, une porte invisible donnant peut-être accès à un « ailleurs ». À Adamson de comprendre de quoi il s’agit. Ce dernier ne se fait pas prier longtemps. Aussi, ne tarde t-il pas à recruter un équipage, composé de marins aguerris, d’aventuriers et de scientifiques, puis à prendre le large pour la mer de Barents, en direction du mystérieux passage. Sur place, après quelques essais, il se décide à franchir la porte. Ne souhaitant rien risquer et satisfaits de cette première expérience, il décide de faire demi-tour. Cependant en franchissant la porte dans l’autre sens, l’équipage est pris dans une terrible tempête qui manque les faire chavirer. Le calme revenue, nos explorateurs sont étonnés de ne pas retrouver le navire qui les a escortés ; puis de ne pas reconnaitre la côte du Spitsberg… et enfin, comble de surprise, de constater que deux soleils, côte à côte, transpercent les cieux. Il n’y a plus aucun doute : ils sont dans un autre monde. Pour confirmer l’hypothèse, l’analyse du plancton ramené dans les filets de pêche révèle la présence de micro-organismes inconnus. Le lendemain, c’est une île qui devient le théâtre de nouvelles découvertes : végétation étrange et animal de petite taille ne sont pas sans rappeler quelques mauvais souvenirs au chef de l’expédition…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome vous avez laissé la langue pendante : impatient comme des gamins devant un gâteau à peine sorti du four et la bouche s’emplissant de salive sans pouvoir vous contrôler. Avec ce 2ème opus, Pierre Veys vous évite une nouvelle fois de vous brûler la langue, quitte à ce qu’elle s’allonge un peu plus encore… mais il le fait très bien. Ainsi, vous connaitrez enfin « l’après porte », vous y découvrirez ce monde à 2 soleils et 3 lunes, sa végétation inconnue, quelques uns de ses autochtones pas franchement sympathiques, mais vous devrez vous contenter d’un mystère toujours aussi épais. Pierre Veys, plutôt habitué à la parodie humoristique, nous fait en effet la bonne surprise d’une intrigue, maitrisant parfaitement les effets : tout est fait pour susciter frissons et questions. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a visé juste : on est largement happé par le récit fourmillant d’interrogations, persuadés du drame à venir. Le scénario distille alors avec sadisme juste ce qu’il faut pour continuer de nous tenir en laisse : via la fumée s’échappant d’une cheminée de bateau, une papatte de bestiole retrouvée au milieu de décombres et des personnages tous plus intéressants les uns que les autres. On sent le potentiel jubilatoire de la série qui, en mêlant aventure, mystère ; fantastique et un petit coté série B, réussit le parfait point de rencontre entre les récits de Jules Verne et ceux de Leo (Les Mondes d’Aldébaran).Reste à voir ce qu’il en sera fait. L’autre indéniable atout est graphique. Il imprime à lui seul le ton de la série : un trait réaliste saisissant et une couleur directe qui donne un petit coté vieillot nous immergeant rapidement dans l’époque du récit. Avis, donc, aux amateurs de dépaysement.