L'histoire :
En 1913, l’aventurier Sir Henry Adamson, suicidaire, ne supporte plus la sédentarité de sa retraite londonienne. Il se colle un revolver sur la tempe, à un rien de passer à l’acte, lorsque deux militaires lui rendent visite. Le gouvernement britannique le convoque en effet pour lui exposer une nouvelle mission, top-secrète et d’une importance capitale. Adamson pense alors que les tensions internationales sont au bord de l’explosion… mais il ne s’agit pas de cela. Le lendemain, devant le premier ministre en personne, on lui narre ce que des pêcheurs de morue ont récemment vécu au large du Spitsberg (mer de Barents, océan arctique). Mis en dérive le temps de réparer une avarie, leur chalutier a progressivement disparu, par la proue, comme à travers une « porte » invisible, donnant peut-être sur une autre dimension. Stupéfaits par cette découverte, les pêcheurs ont fait machine arrière… pour voir réapparaître la proue ! Après avoir modérément approché le phénomène, ils l’ont localisé avec précision et en ont référé aux autorités scientifiques et militaires… qui bouillonnent à présent de supputations ! Avec un enthousiasme non dissimulé, Adamson accepte sans hésiter de diriger une mission d’exploration. De retour chez lui, il découvre son majordome égorgé dans la cuisine par une créature monstrueuse ressemblant à un insecte géant, pleine de pattes et de mandibules ! Une course-poursuite s’engage alors dans sa villa…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès les premières pages d’Adamson, le lecteur s’immerge dans une aventure historique et fantastique pénétrante de réalisme. Ce sentiment résulte premièrement du dessin méticuleux de Carlos Puerta, très certainement réalisé à l’aide de photos rassemblées et redessinées à la peinture (ou palette graphique option gouache et fusains sanguins). Cette esthétique chiadée témoigne d’un énorme boulot, assez réussi, dont les limites se trouvent néanmoins dans la rigidité des personnages, sur certaines cases floues et via une certaine obscurité d’ensemble. Deuxième surprise, et de taille : le scénariste Pierre Veys, bien connu pour ses parodies et ses nombreuses séries comiques, délaisse un temps l’humour pour orchestrer ce récit d’aventures très sérieuses, bien qu’empruntes de fantastique. Le héros éponyme du titre est le plus intrépide des aventuriers (il est miné par l’inactivité – et certainement quelques vieux démons). Dans le contexte politique va-t-en-guerre de 1913, il est envoyé en mission pour élucider un bon vieux standard de l’imaginaire fantastique : une porte (spatio-temporelle ? inter-dimensionnelle ?) découverte à un endroit désertique et lambda de l’océan arctique. Pour le moment, ce phénomène n’a rien d’impressionnant : la « porte » est totalement invisible. Les protagonistes passent la majeure partie de ce premier tome à se demander par quel front ils vont l’aborder, avant de se lancer, finalement, et découvrir… (tadaam !). Entretemps, le spectacle est assuré par l’apparition, dès le début, d’une bestiole « insectimorphe » invraisemblable, digne du Starship troopers de Paul Verhoeven, presque anachronique au regard du sage décorum d’époque. Nul doute que cette séquence emprunte de série B trouvera son éclairage dans les développements futurs de cette nouvelle série, au potentiel narratif très ouvert…