L'histoire :
Sur l’île d’Arran, sept jeunes filles ont été retrouvées dépecées, le cœur arraché. Un suspect féminin a été emprisonné. En raison de son expérience du paranormal, Algernon Woodcock, médecin de petite taille multi-diplômé, a été réquisitionné par un étrange homme en noir, Browne, pour mener l’enquête. Accueilli par le tyrannique juge de l’île Maskew, Woodcock fait la connaissance de l’assassin dans sa geôle, une jeune femme masquée prénommée Keridwen. Il comprend vite que les actes de cette dernière ont été dictés par une force qui la dépasse… et apprend qu’elle est sur le point d’accoucher. Consciencieusement, il accomplit son travail de médecin et met au monde le bébé, tandis que la mère meurt en couche. Une rixe pour la possession de l’enfant éclate alors entre Maskew, Woodcock et le père Christopher, curé de l’île et… père du nouveau-né ! Maskew tire alors sur les deux hommes et s’échappe avec l’enfant en compagnie de Browne. Un étudiant en médecine ausculte Woodcock laissé pour mort et constate avec joie que la balle n’a fait que l’égratigner, en ricochant sur une côte. Woodcock et son ami William Mc Kennan se lancent alors à la poursuite du curé et du bébé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce quatrième épisode boucle avec talent le second diptyque, à l’image d’une série exemplaire sur de nombreux aspects. Enfin, notre docteur nain utilise son fameux « œil Fé » (lire les 2 premiers tomes) et abandonne son éducation cartésienne pour plonger corps et âme en pleine légende celtique. Une fois de plus, dialogues et narration sont d’une grande élégance et se placent au service d’une aventure mystique de qualité. Le duo d’auteur, fan de Stevenson, de Walter Scott et de… whisky ( ! ) se surpasse pour concocter une ambiance d’une rare maîtrise. On hume presque la fraîche odeur des lichens de la lande écossaise ! Certes, le scénario de Mathieu Gallié laisse l’imaginaire du lecteur se charger de nombreuses interprétations. Cela agacera quelques « rationalistes » mais la féerie demeure néanmoins envoûtante. Le découpage participe également à la qualité graphique de la série. Plus que jamais, Guillaume Sorel joue avec sa mise en page, l’étale parfois sur deux planches, place ses cases tout en largeur, puis en hauteur, puis superposées, puis il les supprime carrément pour les entrelacer en un paroxysme réjouissant (dont le point d’orgue se trouve être sa… millième planche !). Tantôt au service de l’action, tantôt purement contemplatif, le dessin tourmenté et coloré – bien que plus ténébreux dans cet épisode – atteint ici son summum. Un must prévu en 10 tomes !