L'histoire :
Armelle est une tortue peureuse et peu heureuse. En effet, elle souffre d’achluophobie, c’est-à-dire qu’elle a peur… du noir. Cela lui engendre des angoisses terribles, surtout la nuit. Elle fait alors son maximum pour entretenir le feu de camp ou la flamme de sa bougie… Mais quand tout s’éteint, c’est la panique, elle se retrouve en proie à toutes sortes de dangers qu’elle ne peut pas voir. C’est d’autant plus la panique que dans ces cas-là, Armelle ne parvient pas à rentrer à l’intérieur de sa propre carapace pour se protéger car… il y fait trop noir ! Alors généralement, quand se présente un prédateur, elle s’enfuit en courant… à la vitesse d’une tortue… ce qui est loin d’être une solution viable à long terme. Ses copines tortues se moquent bien de cette phobie et lui jouent parfois de mauvaises blagues. Et puis un jour, alors qu’elle est en train de se préparer un thé, un curieux insecte volant se présente à elle. Il s’appelle Mirko, il voyage depuis des jours et il a besoin de faire une pause. Etonnée que quelqu’un lui adresse encore la parole, Armelle lui offre volontiers une tasse de thé et une discussion s’entame. De fil en aiguilles, elle se met en confiance et à l’approche du coucher de soleil, elle lui livre le secret intime de ses angoisses…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette fable animalière inscrite dans le catalogue jeunesse de Delcourt se situe dans la lignée de celles de Jean de La Fontaine. Certes, la rime est en moins, remplacée par la prose un tantinet emphatique, quoique d’obédience littéraire, de Loïc Clément. La Fontaine l’aurait assurément baptisée : « la tortue et la luciole ». Avec ce titre raccourci et hélas spoilant (désolé… mais on se permet, car c’est dévoilé en 4ème de couv), vous aurez compris que l’insecte s’avère la solution pleinement symbiotique pour résoudre le problème « d’achluophobie » d’Armelle la tortue. C’est-à-dire sa peur du noir, y compris l’obscurité à l’intérieur de sa propre carapace. Cela dit, contrairement à la Fontaine, hormis l’idée astucieuse de la symbiose et de l’amitié naissante entre ces deux espèces hétérospécifiques, il n’y a pas précisément de morale. La plus-value mignon choupi est à retirer du dessin de Julien Arnal, plein de douceur, de lumières et de couleurs. Ses cases géantes, souvent horizontales en pleine largeur, offrent de jolies vues sur les sous-bois inondés de traits de lumières venus des frondaisons. Ses personnages expressifs sont attachants et raviront les bambins pour une lecture du soir… avant d’éteindre la lumière (ou pas).