L'histoire :
Il était une fois, dans un château recouvert par la neige, une douce reine qui rêvait d’avoir une enfant blanc comme la neige, rouge comme le sang et noir comme l’ébène. Elle pria très fort et neuf mois plus tard, elle mit au monde un magnifique bébé qui comblait tous ses désirs. Hélas, épuisée par l’accouchement, elle devait mourir quelques temps plus tard. Le roi sombra dans une tristesse profonde. Il se consola en regardant sa fille grandir, éduquée par des servantes bienveillantes, durant une année entière… puis il trouva une autre femme avec laquelle se marier. Cette étrangère avait une beauté envoûtante et la rumeur la dotaient de savoirs ancestraux fantastiques. Elle avait notamment fait installer dans sa chambre un gigantesque et mystérieux miroir. Parfois, elle s’y pâmait et le questionnait pour savoir qui, en ce royaume, était la plus belle. Sa sérénité n’était atteinte que lorsque celui-ci répondait : « De tout le royaume, vous êtes la plus belle ». Un fastueux mariage royal fut organisé. Neuf années passèrent, avant que, un jour, la reine soit outrée par la réponse du miroir à sa sempiternelle question : « Blanche Neige est mille fois plus belle que vous ». La reine nourrit aussitôt un destin machiavélique et funeste pour sa belle-fille à la beauté pure et au tempérament juvénile…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour les rares jeunes lecteurs qui auraient jusqu’alors vécu en dehors de notre système solaire et qui, de fait, ne connaîtraient pas l’histoire de Blanche Neige, voici une nouvelle adaptation BD. Au scénario, Christophe Lylian adopte une narration extrêmement classique, se conférant plus à la version stricte des frères Grimm qu’à celle popularisée par Walt Disney. Notamment, il démarre le conte bien en amont, à l’heure où la mère de Blanche Neige n’est pas encore enceinte. Puis les nains se prénomment ici Albrecht, Egon, Wolf, Wilhelm, Baldur et Erwin et non Prof, Simplet et consort. Autre exemple : la méchante reine s’y reprend elle-même à trois fois pour tuer sa belle-fille chez les nains à l’aide d’une pomme empoisonnée. Dernier exemple : à la fin, la reine est forcée de danser au mariage de Blanche Neige avec des souliers de fer rougis au feu. Entre deux, Lylian bouche les trous sur lesquels le conte originel ne s’attarde pas ; et il accompagne le tout d’encadrés narratifs emprunts de poésie. Cette version ne révolutionne donc pas transcendentalement le conte, mais elle est fort agréable à lire. Son principal atout tient dans le dessin rond et enchanteur de Nathalie Vessilier et des couleurs douces et lumineuses de Rozenn Grosjean. Certaines séquences, notamment les animations panoramiques ou les scènes contemplatives, valent franchement le détour.