L'histoire :
Un monsieur âgé se pointe à la caisse d’une grande surface et demande à la caissière si elle connaît Arthur Levrard. La caissière se fiche de sa question, surtout qu’elle ne connaît pas ce jeune auteur qui vient de sortir sa première BD. Elle aimerait surtout pouvoir encaisser le monsieur pour en finir avec sa journée de boulot au plus vite. Mais le monsieur insiste en décrivant le propos dudit bouquin : il s’agit de 60 pages de fun pour nous extirper de la morosité ambiante qui gangrène la société. La caissière l’interrompt : elle n’en a rien à foutre. Il insiste, elle lui dit stop. Il continue, elle finit par crier fort pour couvrir le flot incessant de ses paroles. Et puis soudain, lorsque le calme revient, elle entend dans les dernières paroles du monsieur pénible qu’elle est sa fille et qu’elle va hériter de sa dette de 5 millions d’euros dès lors que son tétanos foudroyant l’aura achevé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les deux premiers gags de ce recueil donnent le ton d’un ouvrage centré sur les interactions sociales et les discussions. Une situation unique y est dessinée et répliquée à l’identique dans chacune des autres cases du gaufrier, avec juste les phylactères et leurs contenus qui changent. Le trait est stylisé, peu esthétique et hésitant, complété d’une colorisation en aplats, généralement avec une économie de décors. La famille, les amis, le boulot, le couple, les contacts commerciaux… Arthur Levrard diversifie tout type de situations courantes. L’objectif de l’auteur, pour qui il s’agit de la première BD, est de déclencher chez le lecteur le « Ha ha » qui se trouve à la fin de Brouhaha, si possible au terme d’un flot de blablas entre jeunes gens urbains et contemporains. L’intention offre donc un vaste terrain de jeu, qui converge ici plutôt vers le registre de l’humour de deuxième, voire de troisième degré… voire de degré non identifié, étant donnés quelques flops. A trop chercher le décalage comique, l’auteur (et son éditeur) y aurai(en)t gagné à édulcorer quelques gags qui peinent à rendre explicites leurs ressorts. A l’image de la toute première situation auto-promotionnelle (voir résumé), l’ouvrage donne aussi peut-être le sentiment d’un léger défaut d’humilité. Cette première œuvre surfe sur des intentions narratives et des moyens graphiques un peu trop convenus pour se démarquer.