L'histoire :
Au sein du château du baron de Thunder-ten-Tronckh, en Westphalie, vit un jeune homme au jugement simple et à l’esprit droit, appelé Candide. Il a reçu ses préceptes de Pangloss, un penseur qui inculque que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles, que les choses sont nécessairement forgées pour la meilleure des fins et qu’il ne peut en être autrement. Arc-bouté sur cette philosophie foncièrement optimiste, Candide croque ce monde qui s’offre à lui, en restant toutefois un peu timoré en amours… Remarquant que son maître batifole sans entrave dans les bosquets, Candide entreprend également un assaut auprès de la belle Cunégonde, pour qui son cœur s’enflamme. Mais il est « capté » par le père de cette dernière, qui l’expulse de son château. Après avoir erré sans but à travers l’hiver glacial, il tombe dans le piège de deux recruteurs de l’armée qui lui paient le couvert contre son enrôlement au côté du roi des Bulgares. Il reçoit alors une formation militaire stricte. Son tempérament libertaire lui faut surtout mille brimades et sanctions corporelles. Lors de la première bataille contre les troupes du roi des Abares, Candide est horrifié par le carnage. Il déserte et s’expatrie en Hollande, essayant de vivre de mendicité…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La grande force du conte de Voltaire, est de mêler intimement une question philosophique essentielle, à une aventure grand-public, riche en péripétie et en rebondissements. Nul doute que François-Marie Arouet (nom réel du philosophe), chantre de la tolérance et de l’esprit d’ouverture des lumières, aurait accueilli cette adaptation en BD de la plus cordiale des manières ! Pour ceux qui l’ignorent, le propos de Candide pose la question de l’origine du mal et aboutit à une critique acerbe de la providence divine. Cette démarche littéraire était révolutionnaire dans un XVIIIe siècle encore sévèrement régit par les convictions religieuses ! Orchestrée par Michel Dufranne (un scénariste qui monte en puissance) et Gorian Delpâture (spécialiste universitaire de Voltaire), l’adaptation présente a le mérite de la limpidité, une mise en bouche tout à fait cohérente avec la simplicité du récit initial. On en serait presque désarçonné par les premières planches dénuées de phylactères. Le dessin est assuré par le serbe Vuja Radovanovic, que certains connaissent déjà : il a dessiné le tome 2 de Pandora Box, La paresse. Précises et chiadées, des courbes sont ici toutefois plus naïves, oserait-on dire « candides »… (tiens oui, on a osé). Mais attention, qui dit conte philosophique ne dit pas forcément occurrences fleur bleue : la quête initiatique de Candide passe par des scènes guerrières relativement atroces, que le trait rond et la mise en scène guillerette du dessinateur parviennent à faire passer. Peut-être, néanmoins, la démonstration n’est-elle pas encore tout à fait explicite (bien que l’orientation soit évidente)... mais patience, il reste encore deux tomes pour ce faire.