L'histoire :
Célestin, le charmeur de ces dames, en est convaincu : malgré son infortune, et même s'il vit au crochet des bonnes âmes de la ville, il n'est pas du même sang qu'eux. Tellement peu, qu'il choisit de ne pas travailler, pour tenter de séduire une des dames de la cour qui lui permettrait, par un mariage opportun, de trouver son rang. Le beau-parleur a été abandonné tout bébé, et retrouvé en pleine rue enveloppé dans un tissu délicat. C'est de ce bout de tissu qu'il tire sa conviction d'être bien né, et la force d'adresser la parole à toutes les jolies femme de la cour du roi qu'il croise. Son charme opère, il est doué en parole et très séduisant, mais sa souche populaire ne lui donne aucun chance. Pourtant, en fuyant le mari d'une jeune femme avec qui il vient de passer la soirée, il tombe nez à nez avec la princesse Pimprinule, la fille du roi Maurice. Le coup de foudre est immédiat, pour Célestin en tout cas, tandis que la jeune fille lui affirme que seul un homme qui démontrerait la même force au combat que son propre père, aurait sa chance. La belle en a plus que marre des hommes de cour au visage poudré qui lui tournent autour. Célestin n'a pas le physique d'un vainqueur de tournoi, mais il choisit pourtant de s'entraîner sans relâche pour les Jeux de Printemps, et se promet d'emporter la victoire. Il va très vite déchanter, et découvrir par hasard qu'une révolte se trame et pourrait bien renverser le roi...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une bonne dose de légèreté, sur un scénario bien construit. Une époque improbable, hors du temps, comme dans les dessins animés, et un personnage drôle, insouciant, un brin énervant. Juste après Alim le Tanneur, Wilfrid Lupano posait un nouveau jalon avec une série humoristique très bien menée. Près de dix ans avant Traquemage, son sens des dialogues était déjà là, efficace et étonnamment rodé. Les situations rocambolesques que traverse Célestin sont rythmées à souhait, l'antihéros a une personnalité forte qui imprègne totalement le récit. La réédition en intégrale de ce double album est très bien venue, elle ne nuit pas du tout à la réputation désormais très solide de son auteur. Le dessin de Yannick Corboz, bien qu'un peu chargé, avec des couleurs très marquées, accompagne avec brio cette aventure spectaculaire et pleine de rebondissements, le dessinateur maîtrisant parfaitement les visages de ses protagonistes, tout comme les décors semi-réalistes de ce royaume imaginaire. Là aussi, le talent est déjà là, qui explosera ensuite dans L'Assassin qu'elle mérite, également avec Lupano. Un petit coup d’œil sur son site donne d'ailleurs l'occasion de découvrir l'ampleur de sa palette visuelle. En bref, une nouvelle occasion de découvrir une chouette aventure dans le style des feuilletons populaires. Sans prétention apparente, mais très sérieusement réalisée et très distrayante.