L'histoire :
Décollage d’un vol de nuit au mois d’août. Tous les passagers dorment, à l’exception de la petite fille de Guy. Heureusement son gentil voisin arrive à la calmer en la faisant sauter en l’air. C’est alors que Guy aperçoit le tatouage sur le bras de son voisin et comprend qu’à côté de lui, est assis un rescapé des camps de concentration. Voici un premier choc, le premier d’une longue série au cours de l’année que Guy Delisle et sa famille s’apprêtent à passer à Jérusalem. Après la Birmanie, les Delisle narrent donc leur quotidien à Jérusalem. De la découverte des alentours de leur nouvelle maison aux routes défoncées, aux poubelles qui débordent ; puis de la richesse historique de Jérusalem, au quotidien en Cisjordanie ; de l’organisation des week-ends à géométrie variable – lorsque vous travaillez selon la semaine musulmane et que vos enfants vont dans des écoles chrétiennes – de l’insouciance des plages de Tel Aviv alors que la guerre bat son plein à Gaza. Loin, très loin de l’image qu’il pouvait se faire de la ville sainte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce nouvel et épais recueil de chroniques autobiographiques, Guy Delisle nous fait découvrir, à travers ses yeux de dessinateur libre de son temps, Jérusalem, ses quartiers arabes, juifs, arméniens… Au-delà de la description des lieux saints, il nous montre beaucoup le mur de séparation entre Cisjordanie et Israël, véritable fil directeur de cet album. Le fossé existe, que l’on soit du côté palestinien dont le quotidien dépend de la fermeture des check-point et du perpétuel morcellement de leur territoire, ou que l’on soit du côté israélien, ou plutôt des côtés israéliens depuis Jérusalem, la pieuse à Tel Aviv, la délurée. Delisle utilise son talent à saisir une somme de petites et moins petites choses et morceaux de vie, afin de tenter de décrire, avec succès, la mosaïque de cette région du monde. Il relate non seulement les difficultés de la vie quotidienne des palestiniens de Cisjordanie, les décalages et les incompréhensions entre les communautés juives, musulmanes et chrétiennes, mais il arrive aussi à nous montrer les fossés qu’il existe au sein de ces mêmes communautés. Vivant du côté palestinien, le parti-pris est davantage pro-palestinien, malgré la distance dont il fait toujours preuve et sa volonté de conserver son rôle d’observateur extérieur. Delisle nous livre finalement un nouvel épisode plus engagé, qui reste dans la lignée de ses chroniques précédentes et que l’on lit toujours avec autant de plaisir.