L'histoire :
Fin août 2013, la reporter-photographe de guerre Anna-Fanély Simon rentre de Somalie et passe une soirée avec ses amis parisiens, avant de repartir sur un autre type de front. En effet, le lendemain, sa rédaction l’envoie sans sa région d’origine, en Charente, pour faire un reportage sur la boisson mondiale tendance : le Cognac ! Le National Geographic lui demande de faire fissa, car une autre équipe concurrente s’intéresse au même sujet au même moment. Anna débarque ainsi à Bouteville, et sonne à la porte de la maison d’enfance de son amie Alice. Elle est accueillie par son frère Xavier, qui lui offre un petit Pineau et lui annonce une terrible nouvelle : Alice est décédée en décembre, assassinée par son mari Jean-Louis, avant qu’il ne se suicide à son tour. Anna n’en revient pas… Elle poursuit néanmoins son job de reporter, guidée et instruite sur le processus de récolte et de fabrication du Cognac par un producteur retraité, Fernand Favreau. Ce faisant, Fernand évoque ses doutes quant à la version officielle de la mort du couple. Il pense que Jean-Louis et Alice ont été assassinés. Et pourquoi pas en raison des bouteilles d’un Cognac millésime 1870 que détenait Jean-Louis dans sa cave. Sa proximité avec Alice et son expérience des terrains « chauds » incitent Anna-Fanély à mener sa petite enquête par elle-même…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Présenter un fin breuvage de terroir devenu succès commercial, au travers d’un thriller familial, le belge Jean Van Hamme avait initié la méthode dans les années 90 avec ses Maîtres de l’orge (dans le milieu de la bière). Grand scénariste d’origine bordelaise, Corbeyran perpétue la tradition en récoltant logiquement plutôt dans les vignobles. Trois séries en cours chez Glénat s’affinent donc actuellement dans le milieu des grands crus. Mais le sujet enivre Corbeyran au point de l’inciter à dériver sur une eau-de-vie fine issue du traitement des vignes, chez Delcourt. Grain de raisin sur le gâteau : il se trouve que le département de production du Cognac a pour préfecture la capitale de la BD, Angoulême ! Mais ne lâchons pas la grappe et goûtons à l’intrigue. Corbeyran met ici en scène une héroïne reporter-photographe au cuir tanin, qui enquête à la fois sur les processus de production du Cognac – une boisson actuellement à la mode dans le milieu de la night – et sur la mort suspecte de son amie d’enfance. Le mobile de l’assassinat suspecté serait bien entendu la récupération d’un Cognac de grande valeur… mais rien n’est moins sûr. Corbeyran a de la bouteille, il équilibre donc idéalement l’aspect pédagogique et le suspens. A quelques petites facilités près, ce premier tome (sur 3 prévus) se déguste littéralement et instruit tout en finesse. D’autant que le dessinateur Luc Brahy, l’un des vieux compères de Corbeyran, dispose d’un coup de crayon réaliste des mieux exposés sur le coteau. On sera ravi de découvrir la suite et le fin mot de l’histoire, sans oublier de s’approvisionner auparavant en Cognac, parce que ça donne rudement envie…