L'histoire :
D’ordinaire reporter dans les pays en guerre, la journaliste Anna-Fanély Simon a accepté de faire un article sur le succès du Cognac pour son rédac’ chef. En effet, elle est originaire des Charentes et se réjouit d’y retrouver Alice, son amie d’enfance. Hélas, elle apprend sur place qu’Alice est morte, officiellement tuée à coups de marteau par son mari Jean-Louis, qui s’est pendu dans la foulée. Mais les éléments sont troublants et Anna décide de mener une enquête contradictoire aux conclusions de la police. Sa meilleure piste : des bouteilles de Cognac préphylloxérique, une véritable fortune pour les professionnels du milieu, ont disparu du domicile du couple décédé. Sur place, Anna est aiguillé par Fernand, un vieux producteur de Cognac. Etant donné la complexité de l’affaire, elle appelle à la rescousse son ami Connor, qui bosse aux RG. Ce dernier doit se faire passer pour un riche collectionneur à la recherche de la précieuse eau-de-vie, espérant être ainsi amené à rencontrer le voleur. Fernand, qui a le palais sûr, servira de goûteur. Connor a quant à lui un look extravagant et pas froid aux yeux… ça peut marcher ! Mais son tempérament direct et ironique lui vaut d’être très peu apprécié par Fernand et Xavier, le frère d’Alice. Ces deux-là sont d’ailleurs en tête sur la liste des suspects de Connor. Néanmoins, tout le monde joue le jeu et l’annonce est lancée. Un premier rendez-vous est fixé avec un producteur qui dispose de fioles datant de 1870…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste Corbeyran et le dessinateur Luc Brahy poursuivent leur enquête régionaliste se déroulant en Charentes parmi les producteurs de Cognac. L’objectif premier de la trilogie en devenir est évidemment de pénétrer les arcanes de ce secteur économique des spiritueux, une production typiquement française qui connait un succès croissant dans le monde entier. Or pour accrocher le néophyte, mieux vaut éviter d’être rébarbatif : le genre policier se charge de ferrer le lecteur autour d’une problématique logique : quelqu’un aurait tué un couple de producteurs pour lui chiper sa réserve de précieuse eau-de-vie. On apprend ainsi, par exemple, qu’un certain vieux Cognac produit avant l’apparition du phylloxera (une maladie des vignes, apparue en 1863), vaut une véritable fortune. Le récit est mené avec rythme et savoir-faire par le plus prolifique scénariste de BD du monde occidental : faites confiance à Corbeyran pour ne pas vous ennuyer. Dans ce second tome, la piste suivie par l’héroïne confirme tout son potentiel. L’enquête se muscle, tourne au tragique et à en croire le cliffhanger, elle n’a pas fini de se complexifier. Brahy dessine l’ensemble de son trait réaliste juste et maîtrisé, le biais le plus pertinent pour ce registre. C’est carré, c’est pro, c’est plaisant : ne boudez pas votre plaisir !