L'histoire :
A la suite de sa dernière (més)aventure amoureuse, la séduisante Jade est bien décidée à ne plus s’amouracher du premier venu. Elle s’en confie à sa sœur Sandra dans un square parisien, lors de leur rendez-vous hebdomadaire. Une fois rentrée chez elle, elle perçoit le miaulement intempestif d’un chat, sur le toit de son immeuble. Elle grimpe à l’échelle et délivre un petit félin d’une longue ficelle qui mène à l’appartement voisin. Sur le balcon, un jeune homme Gwen, lui confesse volontiers ne rien y connaître aux chats et lui propose de prendre un café. Jade repère immédiatement la technique de drague et repousse l’invitation. Mais elle glisse sur une ardoise et Gwen l’aide à se remettre du bon côté du balcon. Au même moment, il reçoit un coup de fil professionnel : il doit trouver une baby-sitter pour Rex Croner, un client hyper-riche auquel il a promis un touriste-tour de la capitale. Dans ces conditions, la candidature de Jade s’impose presque. La belle se looke en fonction de la mission et se rend au grand hôtel où l’attend le client, ses bambins et Gwen…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La scénariste Brigitte Luciani et la dessinatrice Colonel Moutarde (qui n’a ni moustache, ni corde à piano) réitèrent leur collaboration, après un premier album au concept stupéfiant et enthousiasmant (cf. chronique de l'Espace d'un soir). Rationnellement, elles extraient le personnage le plus craquant (et positif) d’Espace d’un soir, la pétillante Jade, pour la plonger dans une aventure sentimentale parisienne. Au dessin, l’illustratrice Colonel Moutarde, issue de la presse magazine féminine, emploie à nouveau l’esthétique très stylisée qui la caractérise. Cette fois, le théâtre de cette comédie romantique sort du huis clos d’un immeuble, pour nous promener à travers un Paris très schématique. Le trait parait néanmoins moins travaillé que sur le premier tome, notamment sur Jade, jusqu’alors si craquante de face, qui semble facilement vieillie d’une dizaine d’années de profil… Difficile aussi, de faire à nouveau sensation avec le même biais narratif, dont l’effet de surprise ne marche qu’une seule fois. L’astuce consiste donc à faire jouer Jade avec la voix off située dans les traditionnels encadrés. Agacée par ce narrateur invisible qui se permet de diriger l’histoire à son insu, Jade attrape le texte, l’enferme ou le remplace… et fait mine de prendre le récit à son compte, au détriment de la scénariste. L’interaction générée interpelle à nouveau le lecteur (qui joue lui aussi son rôle !), même si l’effet est moins probant et évident que celui du premier tome. La mise en abyme est néanmoins originale et novatrice, et en ce sens, ce second tome satisfait pleinement nos attentes, pourtant exigeantes.