L'histoire :
Le 28 juin 1928, le jeune et brillant diplômé d’économie Ulrich Schoeller est abordé à sa sortie de l’université de Munich par un dénommé Joseph Goebbels. L’homme l’incite à assister à une réunion extraordinaire au Berghof, la résidence alpine d’un homme politique prometteur, Adolf Hitler. En marge d’une grande réception, Hitler reçoit Schoeller dans l’intimité de son bureau. Il lui explique qu’il a décidé de rendre sa grandeur au peuple germanique, qui paye encore par décision internationale le règlement de la Grande Guerre, et lui expose un plan ambitieux. Un an plus tard, Scholler débarque à New York. Au Plaza Hôtel, il rejoint un dénommé Park, qui a réuni au sein d’un salon privé un « cercle » de banquiers et d’entrepreneurs parmi les plus influents du pays. Là, Schoeller expose aux américains la nature du partenariat signé entre la famille Rockefeller et l’IG Farben dont il provient. Il leur propose de contourner les lois anti-trust qui régulent le marché américain, en investissant en masse sur de petites entreprises européennes. Le simple nom de Rockefeller suffit à garantir le succès de l’opération… et rien qu’à l’idée d’un enrichissement prodigieux, tous marchent dans la combine. Même le majordome de l’hôtel prend des notes en douce dans le couloir et décide d’aussitôt investir ses économies en bourse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Complot, les éditions Delcourt marient deux tendances fortes de ces dernières années : la relecture de l’Histoire (cf. L’histoire secrète, Jour J) et les séries-concepts de genre, autour d’une idée centrale unique (Le casse, La grande évasion…). Logiquement, il s’agira donc ici de traduire quelques évènements clés et authentiques de notre civilisation, à travers le prisme de la théorie du Complot. Dieudonné s’en frotte déjà les mains. Scénarisé par Gihef sous la forme d’un one-shot, ce tome inaugural attribue à Hitler et Goebbels la responsabilité du krach de Wall Street en 1929. Voilà donc un jeune économiste allemand qui tend un piège aux économistes américains chevronnés et parvient à faire craquer la finance planétaire… Comparativement, même Jérôme Kerviel est un petit joueur. A travers la lorgnette d’un virtuose de la haute finance, cette version paraîtra sans doute un peu simple ; mais Gihef est suffisamment habile pour rendre la narration fluide et cohérente, alternant les aspects techniques, les flashbacks, les moments de tension et osant des raccords romancés avec l’Histoire (sacrée Eva Braun !). Bref, on se complait à subir un divertissement de genre bien ficelé, qui ne soit pas trop lourd sur les mécanismes financiers, et c’est bien ça le principal. De palaces en salons privés, en passant par les jolis décors urbains de New York dans l’entre-deux-guerres, les crayons réalistes et expérimentés de Luc Brahy se mettent au diapason du registre, dans une ambiance bureaucratique idoine. Notez que le prochain volet s’intéressera à La fin des templiers (août 2014) et sera assuré par Alcante et Brice Cossu.