L'histoire :
En septembre 1985, une équipe de plongeurs retrouve enfin l’épave du Titanic, le célèbre paquebot de croisière qui a coulé au large de Terre Neuve en avril 1912. Tandis que les techniciens fêtent leur découverte avec un mousseux portugais, un passager prend le chef d’équipe à part. Il a largement participé au financement de ces recherches, à la condition de pouvoir voir et ponctionner les premières photos prises par le robot bathyscaphe. Le chef d’équipe s’exécute… Or l’un des clichés montre une incroyable révélation ! Pour comprendre ce qu’il s’est passé, il faut revenir aux semaines qui ont suivi la catastrophe, alors qu’une commission d’enquête inculpe gravement Stanley Lord, capitaine d’un autre cargo qui croisait à proximité, le Californian. En mai 1912, les juges en arrivent en effet à la conclusion que depuis son navire, il était possible de voir les signaux de détresse envoyés par le Titanic… et que s’il s’était immédiatement rendu sur place, au lieu de poursuivre sa route dans l’autre sens, il aurait pu sauver des centaines de vies ! Lord refuse catégoriquement ces accusations et affirme qu’il était beaucoup trop loin et qu’un autre bateau devait forcément croiser entre deux. Il sort néanmoins du tribunal sous les huées de la foule. Une infirmière amie prend alors sa défense et décide d’enquêter à sa place. Par téléphone, un mystérieux individu lui a en effet donné rendez-vous le soir-même sur le port pour lui faire d’étonnantes révélations…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au long de ce 4ème épisode de Complot, en forme d’histoire complète et autonome, le scénariste Alcante propose une contre-enquête habilement complotiste concernant la catastrophe du Titanic. Selon cette version de fiction, le maudit iceberg, la vitesse excessive, l’oubli des jumelles en vigie, le manque de canots de sauvetage, la météo exécrable ne seraient pas les responsables exacts des 1500 morts que provoqua le naufrage le plus célèbre de la marine commerciale. Pour point de départ, Alcante part de la polémique née de la présence authentique du cargo Californian à proximité du drame. Par la suite, le thriller se détache de l’Histoire officielle pour emprunter les voies du divertissement à suspens. Attention, cette variante n’est donc pas à mémoriser comme une vérité définitive ! Pour mener les investigations en 1912, une simple infirmière, perspicace, opiniâtre et téméraire, cherche donc à réhabiliter le capitaine ami du Californian. De Londres à Oslo, accompagnée par un jeune lord anglais qui l’a providentiellement sauvée en court de route, elle sait tirer les bonnes pistes qui se présentent à elle, fait les bonnes déductions, mais se frotte à un ennemi discret et puissant. Un scénario divergeant de celui retenu par la postérité se dégage vers la page 37… mais vous n’êtes toujours pas au bout de vos surprises. Ces premiers deux-tiers d’albums sont majestueusement dessinés par Bernard Köllé, à l’aide d’un encrage réaliste finement ciselé et documenté, une mise en scène parfaitement cadrée et découpée. Puis étrangement, pour le dernier tiers, un certain I.S. Fiki (auteur inconnu au bataillon !?) reprend le flambeau. Son style graphique est sensiblement différent, un poil en-deça, bien que lui aussi maîtrisé. Bien qu’inexpliquée, la transition graphique n’est donc pas tragique… mais elle s’accompagne d’une pirouette narrative caricaturale, pour une conclusion cela dit d’une logique implacable (mais, on insiste sur ce point : imaginaire). Bien joué !