L'histoire :
Félix n’est pas vraiment un enfant comme les autres. Physiquement, certes, tout est normal chez lui… Mais Félix répond à une addiction particulière. En effet, dès que quelqu’un éternue, au lieu de dire « à tes souhaits », il profite de ce que les gens ne font pas vraiment attention à cette formule de politesse automatique, pour prononcer « à mes souhaits ». Ainsi, à l’aide d’un verre, d’un bocal ou de n’importe quel récipient qui se ferme, il emprisonne aussitôt le souhait de ladite personne. Puis il colle une étiquette sur le bocal, qu’il range au sein d’une gigantesque souhaitothèque contenant des centaines de souhaits. Dans cette optique, le froid hivernal ou les pollens printaniers sont de fabuleuses périodes de chasse, à l’origine de moult éternuements de quidams ! Félix court ainsi discrètement les squares et les trottoirs, le sac à dos rempli de bocaux, à l’affut des souhaits d’autrui. Jusqu’au jour où il rencontre une jeune fille de son âge, Calliope, qui éveille son intérêt. En effet, dès le premier éternuement de Calliope, et après avoir prononcé la fameuse formule, Félix emprisonne… zéro souhait. Ah mais pourquoi ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Attention évènement ! Oui, car en matière de contes, l’invention est tout de même ultra compliquée. Il semble en effet que tous les contes qu’on invente aujourd’hui trouvent une base dans un autre conte préexistant. Tentons peut-être avant tout une liste béotienne des ingrédients nécessaires à tout bon conte. Primo, il faut que sa morale soit universelle, c’est-à-dire qu’elle puisse s’appliquer à tout un chacun sur Terre, à toutes les époques. Quel que soit son genre (fantastique ou réaliste, historique ou contemporain), il faut qu’il raconte une histoire prenante, qui fasse sens et qu’on ne voit pas forcément venir. Il faut aussi généralement que sa morale soit bienveillante, instructive ou bénéfique sur celui qui se l’approprie. Avec ce Voleur de souhaits imaginé par Loïc Clément, on a effectivement tout cela. A notre époque où une majorité de (grands) gamins chasse le Pokémon©, le jeune héros de ce conte chasse les « souhaits ». Vous savez, ceux qu’on évoque en disant « à tes souhaits » après un éternuement… Félix, lui, les collectionne. Or qu’est-ce qu’un souhait, sinon le chemin le plus direct sur la voie du bonheur ? Nous voici donc immergé dans une BD qui nous parle de quête du bonheur. La double (petite) facilité vient cependant d’une histoire quasiment entièrement délivrée par le truchement d’encadrés narratifs… et d’un récit extrêmement court, de 32 planches, prenant place dans un découpage aéré, composé de cases souvent géantes (dont 6 pleines pages = lecture en 5 minutes chrono). Pour compenser, le dessin semi-réaliste de Bertrand Gatignol met en scène des personnages très expressifs, d’une grande justesse comportementale, complété de décors fins, soignés et variés, ainsi que d’une colorisation on ne peut plus sobre. Pour les vilains curieux, cette première édition se termine par un court dossier making-of instructif…