L'histoire :
Eploré, le jeune nain Öth soigne son père, mortellement blessé en forêt par un sanglier. Avant de trépasser, ce dernier lui fait des grosses révélations. Jadis, la grossesse de sa mère fut un miracle, son enfantement un drame : elle était morte en couche. En outre, Öth avait « la marque » et devait à ce titre être tué, comme l’exigeait la loi. C’est pour cette raison que son père s’était exilé et avait élevé son fils en ermite, en lui inculquant tout son savoir-faire de forgeron. Aujourd’hui, les armées du roi félon Traurig resserrent leur traque des porteurs de la marque. Après avoir procédé au rite funéraire, Öth se met donc en route, pour fuir. Chemin faisant, lors d’une halte, il sauve un crapaud de l’estomac d’une grosse carpe. Sa surprise est immense lorsque le batracien se met à lui causer, de chatoyante manière. Il se présente, Albin de Morteflaque, et le rassérène à l’aide d’une légende. Son ami Syrius – un basset ! – lui a en effet appris que le jour où le dieu Ewïlmir jugera qu’aucun roi n’est plus en mesure de gouverner, il engendrera une sorte de messie, un nain porteur de la divine marque, pour sauver le royaume. Öth est dubitatif, lorsque surgit Wyrïmir le sanglier, qui se propose de les aider dans cette quête. Primo : en savoir plus sur cette fameuse légende, auprès de Syrius…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pléthoriques au cours des années 90, les albums BD d’heroïc-fantasy ont vu leur quantité s’amoindrir au début des années 2000. La spectaculaire synthèse que représentait, pour le genre, la trilogie ciné du Seigneur des anneaux, reléguait en effet dès lors la moindre quête au rang de tout-venant fade et éculé. Autant dire qu’aujourd’hui, quand une nouvelle série voit le jour, elle a intérêt à apporter du sang neuf, à titiller un minimum le plus endurci des rôlistes et à briller par sa réalisation. C’est un peu avec cette ambition que débarque aujourd’hui le premier tome de Dwarf, scénarisé et dessiné par le surnommé Shovel (alias Mario Sénéchal) – et admirablement colorisé par Dimitri Fogolin, celui-là même qui enlumina Alim le tanneur. Si Shovel montre une courte bibliographie de 1 tome (celui-là…), il n’est néanmoins pas totalement novice en matière de 9e art : il enseigne les arts plastiques à Saint-Denis depuis 6 ans et prodigue des cours de BD via DVD. Prévu pour couvrir 5 tomes, ce projet épique et féerique d’ampleur prend ici beaucoup d’élan. Cette mise en bouche nous immerge agréablement dans un monde pétillant de magie et prometteur en périls. Le décorum enchanteur est d’ailleurs le meilleur atout de la série pour le moment (complété par la couverture de Mr Civiello, excusez du peu). En effet, d’une part, le synopsis est un peu classico-classique : le héros, un jeune et simple forgeron nain (Dwarf en anglais), apprend qu’il est l’élu de son peuple et s’engage dans une démesurée reconquête du pouvoir (ça ne vous rappelle rien ?). D’autre part, les dialogues ont beau être travaillés (la grenouille causante a du style) et la quantité d’évènements d’une belle densité, la narration n’est pas des plus limpides (rien ne ressemble plus à un nain, qu’un autre nain) et manque un chouya de légèreté (ou d’humour ?) pour emballer pleinement son lecteur. Bref, ces petites imperfections, qui font le charme d’un premier album, seront (n’en doutons pas) gommés au fil des épisodes de cette belle saga qui s’annonce…