L'histoire :
Dans les années 20, l'Alsace est marquée par les dégâts de la grande guerre. Et pourtant, il faut bien vivre. La famille Koehrlen retrouve le train-train quotidien, mais il y a quand même beaucoup de choses à faire. La maison familiale doit notamment être reconstruite par un architecte. La mère s'inquiète car l'argent promis en réparation des dommages de guerre n'arrive toujours pas. Eugénie, elle, se présente à un hôpital pour devenir infirmière, le métier dont elle rêve depuis longtemps. Pourtant, un officier mutilé décline sa demande. Pour lui, ces postes sont donnés en priorité aux hommes démobilisés par la guerre. Il lui suggère donc de trouver un mari pour repeupler la France ! Eugénie n'a que faire de ce conseil machiste. Pourtant, de nombreux prétendants lui font la cour. Même un Français au volant d'une belle automobile lui propose de prendre un café ! Eugénie ne se laisse pas attendrir et veut absolument réaliser son objectif. Finnele, elle, rend service à sa maman en achetant du tissu en ville...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Anne Teuf continue son récit de la Première Guerre Mondiale en Alsace. A l'origine, elle avait commencé l’histoire de la vie de sa grand-mère Joséphine (la fameuse Finnele) sur un blog... la voici désormais au deuxième tome d'une BD « papier ». L’opus démarre sur l’après-guerre et ses conséquences dans la région alsacienne : la reconstruction et le retour à la vie « normale ». On retrouve toute la famille Koehrlen : les parents Emile et Marie et les enfants, Hilda, Eugénie, Alphonse, Thérèse, Léonie et bien-sûr Finnele ! A travers le destin de cette famille, c’est la vie de toute une région qui est dépeinte. Après la joie de la fin de la guerre, viennent les difficultés matérielles. Beaucoup souffrent des maisons et récoltes détruites, les enfants doivent chercher un emploi. On assiste ainsi au quotidien de chacun des membres de la famille, qui tentent de gagner de l’argent par tous les moyens. Finnele elle-même enchaînera le travail pour une épicerie, puis le métier de bonne dans une famille aisée. Anne Teuf retrace avec beaucoup de minutie et d’application la vie de sa grand-mère et de son entourage. L’album est truffé de moments heureux, mais aussi de moments tristes ou tragiques. Il est aussi placé sous le signe de l’amour, les mariages ou les ruptures parsemant le tome. Par petites touches, l’auteure aborde également les conséquences politiques et régionales de la guerre. En effet, les alsaciens sont tiraillés entre la culture allemande et la culture française, qui se propulse comme une avalanche avec la victoire. Les discussions témoignent du malaise et du changement qui vont s’opérer dans ces régions. Le rythme est très lent et ultra réaliste, mais on suit toujours avec plaisir cette famille attachante et pleine de vie. Il faut dire que le dessin noir et blanc d’Anne Teuf est délicat et empli de tendresse. Le tome 3 apportera une conclusion à cette tranche de vie alsacienne.
