L'histoire :
En 1984, Ludovic vient juste de décrocher une place pour la formation de l’Ecole de Police de Paris. Il doit quitter son île de la Réunion, son climat tropical et sa petite famille – il est jeune papa ! Les premiers mois sont terribles. L’éloignement et la solitude lui pèsent. Heureusement, huit mois plus tard, sa compagne Cécile et leur fille Carole les rejoignent en métropole. Ils louent alors un petit appartement à Evry, au sein d’un immeuble cosmopolite. Ils vivent chichement et se marient grâce à la prime d’installation de la police. Ludovic termine sa formation et se retrouve affecté à la circulation : en uniforme et képi au milieu de la place de l’étoile, où a coller des PV de stationnement… Mais les fins de mois sont durs. Ludovic décide donc de prendre un double emploi de videur dans des boîtes de nuit, la nuit, tout en préparant assidûment le concours interne d’inspecteur de police. 16 ans plus tard, en 2001, Ludovic est un inspecteur confirmé, qui vient de résoudre une affaire de stups et de go-fast. Sa hiérarchie lui confie alors une enquête dans un tout autre registre, que Ludovic prend comme un challenge : une escroquerie à la TVA. On lui présente Sacha Kassar, PDG d’une entreprise qui produit des composants électroniques et des microprocesseurs. C’est lui qui est poursuivi par le fisc, mais c’est son cousin, associé, qui est coupable du détournement fiscal. L’enquête doit chercher à établir toutes les preuves de l’escroquerie, au sein d’un montage complexe…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce second opus de Flic à la PJ, l’axe narratif est moins tourné vers le polar et l’action, pour s’orienter sur le sens premier du titre et adopter le ton du témoignage, de la biographie documentaire. Le récit se déroule ainsi à deux époques : en 1984-1986, Ludovic Armoët raconte comment le déracinement et le parcours des premiers mois a été difficile. Études pour préparer le concours d’inspecteur, double emploi de videur pour boucler les fins de mois, premières désillusions venant écorner sa saine vocation… Le scénariste Corbeyran rythme ce testimonial en alternance avec une affaire d’arnaque à la TVA, se déroulant en 2001. Cette enquête n’est pas non plus spectaculaire, mais c’est aussi ce qui en fait le réalisme. Du crime du titre, nous ne verrons qu’un brancard et un drap blanc. Être flic, ça donne quand même rarement l’occasion de glisser sur le capot d’une Mustang avec un gros gun à la main, comme dans Starsky et Hutch. L’intrigue repose dès lors sur des rencontres et des palabres, qui pointent la difficulté pour un flic de réussir à préserver son intégrité, et sa capacité à frayer avec l’escroquerie tout en sachant rester du bon côté de la barrière. Il s’agit pour le lecteur de maintenir sa concentration malgré l’absence de moments forts ; mais il sera récompensé par la cohérence de ce portrait (et par le mode d’emploi d’une belle arnaque à la TVA). Le lecteur sera aussi emporté par le dessin réaliste, détaillé en toutes situations et dans des décors variés et – lui – parfois spectaculaire (les plongées ultra panoramiques sur l’île de la Réunion, les vues sur Paris et sa banlieue, les salles cossues des grands restaurants…).
