L'histoire :
Hercule Potiron, le génial inspecteur de Scotland Yard, interprète aujourd’hui son propre rôle dans une superproduction hollywoodienne ! En effet, ayant eu vent de sa sagacité pour résoudre toutes sortent d’enquêtes criminelles, deux magnats du cinéma ont su trouver les arguments imparables pour le débaucher de ses fonctions le temps d’un film (sur les conseils de ses adjoints, ils ont recruté une célébrité culinaire française). Cependant, sur le plateau, Potiron enrage : le scénariste s’appuie sur des méthodes criminelles sans imagination, qui n’aident pas à la cohérence du film. En effet, non seulement les tactiques que les kidnappeurs d’enfants utilisent pour récupérer les rançons sont grossières, mais en outre, les répliques n’humilient pas assez ses deux acolytes faire-valoir Nastings et Spratt. Potiron impose donc ses propres idées, tirées de son expérience de terrain, et réputées imparables. Sur ses conseils, les scènes sont donc retournées, avec force pigeons voyageurs, dauphins, labyrinthes d’égouts ou haies végétales. Or, au lendemain des prises de vues, de véritables inspecteurs du FBI viennent sermonner Potiron : l’idée du film était un piège de la mafia, qui a appliqué à la lettre son inspiration pour organiser de réels kidnappings ! Ils viennent d’enlever le fils du président de la république, avec une demande de rançon de 100 millions de dollars…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le penchant de Pierre Veys pour les parodies n’est plus à prouver. Après Baker street et autres Harry Cover, il détourne pour la seconde fois le célèbre détective Hercule Poireau d’Agatha Christie, rebaptisé Potiron à des fins évidemment grotesques. Cette fois, le bedonnant policier inspire Hollywood et se retrouve pris à son propre piège… pourvu de plusieurs doubles-fonds. Durant une première moitié d’album, on assiste patiemment à l’expérimentation de Potiron du difficile métier d’acteur, en se demandant où le scénariste veut bien nous amener et si une réelle enquête finira par débuter. Lorsque celle-ci s’expose, la logique narrative de cette longue mise en place dénuée de suspens devient implacable et l’enquête (rigolote, sans plus, mais bien rythmée) prend le relai. Veys s’appuie une nouvelle fois sur la virtuosité graphique du vétéran transalpin Giancarlo Caracuzzo, qui a lui aussi profité de la migration du fond BD de Robert Laffont chez Delcourt, pour s’installer « chez » ce dernier éditeur. En effet, les 3 tomes de ses Larmes d’Opium y sont édités (et réédités) au cours de l’automne 2009 ; tandis que Pierre Veys y poursuit son autre œuvre sérieuse, Adamson. Mais on s’égare. Pour Hercule Potiron, Caracuzzo emprunte un style graphique certes moins chiadé – et logiquement plus adapté au registre comique – que pour les Larmes d’Opium, mais il laisse transparaitre une spontanéité de trait rare. Au final, cette parodie amusante et astucieuse remplit son rôle, pour un délassant moment de lecture.