L'histoire :
Au XXIème siècle, l'humanité tente de survivre après les catastrophes nucléaires qu'elle a provoquées. Une expérience scientifique a très mal viré : en voulant modifier l'ADN humain pour qu'il résiste aux radiations, un virus a muté et provoque le cannibalisme chez les porteurs, qui se caractérisent par une peau couleur violette. Dans ce monde en lambeaux, une oasis d'espoir subsiste : Tower City. La mégapole concentre à elle seule toute la haute technologie, mise au service d'une sécurité omniprésente, génératrice d'une paranoïa constante. Pour les survivants, elle est le seul espoir d'échapper à la peste violette. Janski, lui, ne se soucie pas. C'est le propre des enfants. Placé sous la protection de son grand-père, il vit un temps caché, car il est frappé par le virus. Mais le gosse échappe aux données de la science. Il semble pouvoir contrôler la maladie. Mais à une condition : qu'il joue de la musique. Et son rêve, c'est d'aller jouer à Tower City...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Janski Beeeats c'est un projet musical, de l'electro assez éclectique, dont vous vous ferez votre propre idée en allant l'écouter où vous savez. Alors s'il n'est pas question de jouer aux sectaires en faisant un procès d'intention qui consisterait à dénoncer, par principe, la « portabilité » d'un univers musical vers un autre média, on peut tout de même faire le constat que, malgré ses qualités artistiques, l'album souffre de sa longueur. Le contexte est bien campé, avec un thème SF très classique : une ère post apocalyptique, un virus qui cannibalise (hommage évident à Walking Dead) et un enfant atteint, mais qui est la clé de l'immunité. Tout cela est traité avec un ton résolument humoristique, les dialogues et des situations mettant toujours le comique en avant. Côté graphismes, on joue sur la caricature en permanence et la colo digitale pète ce qu'il faut. Alors, on doit aussi le dire, Jean-Sébastien Vermalle (alias Janski) est un touche-à-tout qui a un talent certain... mais ce qui aurait pu faire une bonne histoire finit par tirer excessivement en longueur. La simplicité de la trame et le procédé narratif, qui remet la musique au premier plan, ressemblent aussi à un prétexte justifiant son comic book, qui est également, par définition, un moyen d'autopromotion. Il y a du jus dans Janski Beeeats, mais vouloir faire dans le trépidant durant environ 120 pages, c'est un pari risqué. Surtout quand on choisit un genre qui singe bien souvent les autres. Et puis on finit avec une impression mitigée : on a le sentiment que la chèvre et le chou sont un peu trop ménagés. Ok pour le petit côté provoc', ok aussi pour le mignon Janski, porteur d'une Humanité en voie de disparition. Mais la morale toute gentille de cette histoire nous amène à penser que l'ensemble est conçu pour plaire aux plus nombreux. Alors on finit par regretter ce consensus mou pour une accroche qui nous vend une histoire punchy. De l'action, certes, mais avec un fond un peu trop simpliste à notre goût. Le mordant manque, malgré un masque qui évoque furieusement Venom... À moins d'être un grand fan de pur divertissement, on risque donc de trouver cette drôle de sauce sympa, mais pas suffisamment relevée, alors que la carte nous promettait du vrai piquant !