L'histoire :
Le 10 juin 1791, le peuple de Paris marche vers les Tuileries, sous l'œil satisfait de Maximilien de Robespierre qui souhaite néanmoins que le roi survive à l'assaut pour être jugé. Lorsque les assaillants franchissent les remparts du palais, ils ne peuvent que constater que Louis XVI est en train de s'enfuir à bord d'un dirigeable qui se perd dans le ciel de Paris. Les affrontements se poursuivent toute la nuit. Les gardes suisses sont massacrés, pendant que le roi, la reine et le dauphin atteignent la frontière allemande. Ayant à peine posé un pied sur le sol, le souverain meurt d'une blessure à l'abdomen, faisant de son jeune fils un successeur naturel. Marie-Antoinette va devoir assurer la régence, et décidera très opportunément de s'unir à un jeune général couvert de gloire lors des campagnes d'Italie, grâce à qui elle pourra lever une armée puissante. Quelques années plus tard, la France est en pleine guerre civile, opposant les forces royalistes aux révolutionnaires. Dans chaque camp, les luttes de pouvoir font rage pour tenter d'imposer les hommes et les visions politiques. Une nuit, deux mystérieux personnages s'introduisent dans le garde meubles de la Convention, pour y dérober une mystérieuse caisse en bois. Quelques jours plus tard, François Vidocq présente à Danton le butin du vol, pour se voir finalement confier la mission de le remettre à un destinataire de la plus haute importance. Car il pourrait changer la face de l'histoire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Armé d'une bonne connaissance des personnages clés de l'Histoire de la révolution française, le lecteur pourra trouver dans ce nouvel opus du Jour J une forme de plaisir de lecture. En y découvrant les conséquences d'un décès prématuré de Louis XVI, le caractère insupportable de celui qui veut devenir Louis XVII, où le rôle particulier que jouent Danton ou Vidocq dans cette réalité ré-écrite. Mais en dehors de ce chemin de traverse historique, cet album se révèle plutôt plat, encombré de trop nombreuses références, personnages ou citations. Les passages obligés que s'impose Jean-Pierre Pecau sont trop nombreux et alourdissent un récit qui pourrait probablement se passer de l'échange Danton-Brissot, ou de la présence furtive des armées de Brunswick. Mis en scène de manière linéaire, déroulant des scènes sans réel suspense, l'album se lit alors avec recul, voire avec un ordinateur portable ou une tablette à portée de main pour aller « googueuliser » une citation qu'on devine historique, mais qu'on ne situe plus. Reconnaissons-le sans détour et en toute humilité, il faut une forte culture historique pour plonger dans cette Nuit des Tuileries et y trouver une forme de complicité avec l'ex-professeur d'Histoire qui en a construit le scénario. Florent Calvez, de son côté, illustre cet exercice de style de manière ultra classique, sans effet de style mais avec moult détails visuels qui forcent le respect. Il démontre une nouvelle fois qu'il peut changer de style presque à chaque album. Un opus de Jour J à réserver aux passionnés, voire aux initiés de la Révolution Française.