L'histoire :
Philippe VII est le souverain de la Nouvelle France, ces terres d'Amérique du Nord très disputées par les grandes puissances. Nous sommes en 1684, il accorde des audiences dans son palais de Saint-Denis, sur l'île de Manhattan. Les anglais viennent de perdre une grande bataille à Fort Sherborn, on s'attend à ce qu'ils quittent le continent depuis la baie du Massachussetts. Le seul territoire qu'ils contrôlent encore sur la côte Atlantique est la Caroline. Phìlippe VII ne souhaite pas leur porter le coup de grâce. Il est conscient des enjeux qui se jouent entre l'Espagne et l'Angleterre de Charles II. Il espère que les rivalités de pouvoir et de religion qui opposent les deux pays vont se répercuter sur les terres américaines, et favoriser l'implantation française. Car Philippe VII veut s'appuyer sur la puissance qu'il aura créée en Nouvelle France pour reconquérir Paris et le royaume de France dépecé par l'alliance contre-nature de ses deux grands rivaux. Il envoie son fidèle homme de main Antoine de Montbéliard parcourir les lieux d'influence de l'île pour y débusquer les espions des ennemis de la France. Pendant ce temps, des plans de guerre s'élaborent en secret dans un petit port du Sud de l'Angleterre, autour des plans d'un navire révolutionnaire.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce nouvel opus de Jour J est une plongée totalement dépaysante dans une histoire alternative de la présence française en Amérique, avec une basilique de Saint Denis construite à l'identique sur l'île de Manhattan. L'opposition entre catholiques et protestants est au cœur des objectifs de conquête et des rivalités entre familles royales, c'est un protestant exilé de La Rochelle qui va être le maître d'œuvre du projet de navire révolutionnaire. Philippe VII semble être un souverain éclairé qui veut donner leur liberté aux esclaves. On n'entend pas parler de Louis XIV qui devrait théoriquement régner sur la France, en tout cas dans le déroulement normal de l'histoire officielle. Fouquet est aux côtés de Philippe VII, il élabore un ambitieux plan de conquête vers l'Ouest, conscient des ressources infinies de ces nouveaux territoires. Il nous reste visiblement beaucoup de choses à découvrir sur l'ampleur de l'uchronie dans le second tome à venir. Il s'agit clairement de l'une des plus « profondes » de la série, car rien ne semble réellement correspondre. Quelques personnages nous raccrochent à notre passé, comme Aramitz qui aurait inspiré Alexandre Dumas. Le travail du dessinateur Vladimir Aleksic se fait complètement oublier, la partition est sans faute et totalement au service de l'immersion historique. Les trois scénaristes phares que sont Fred Duval, Jean-Pierre Pécau et Fred Blanchard sont réunis pour un tome solide, qui plaira davantage aux fins connaisseurs de cette période de l'Histoire. Ils pourront détecter la moindre référence, ou la plus subtile des torsions au déroulement de notre passé.