L'histoire :
Les armées d'Isabelle et Ferdinand ont été victimes de la peste et battues par les maures sur les terres de l'actuelle Espagne. L'oncle de Jeanne, qui forge des lames à Tolède, a besoin de monter une armée pour protéger ses expéditions fructueuses vers les terres africaines où son activité se développe énormément. Sa nièce est auréolée d'une réputation de condottiere, une mercenaire capable de mobiliser et diriger des armées vers un objectif précis. Elle accepte la mission, dans un contexte particulier puisque l'empereur du Mali, un territoire riche de réserves d'or extraordinaires, a installé une puissance incontestée, et forgé des alliances avec les pays d'Afrique du Nord. C'est désormais la Nouvelle Alliance qui a remplacé les religions anciennes à Tolède, tandis que tout le sud du territoire est dominé par le calife. Jeanne et sa compagne Immana se mettent en route vers le Mali, se voyant sans cesse rappeler les évènements qui ont forgé leur réputation de guerrières cruelles et sans scrupules.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce diptyque totalement sorti des rails de l'Histoire, Jean-Pierre Pécau et Fred Duval poussent le bouchon très loin, notamment avec cette partie du territoire espagnol passé sous le contrôle d'une nouvelle alliance religieuse qui dépasse la rivalité entre catholiques et musulmans. Les repères sont assez rares avec l'Histoire réelle, et les personnages qui la représentent sont finalement assez peu présents, remplacés par ceux que nos deux héroïnes croisent à travers leur périple. L'aventure est racontée en remontant les étapes du périple des deux femmes vers Tolède, ce qui permet de mieux comprendre leur terrible réputation. Elles font preuve de beaucoup de courage, et démontrent souvent leur aptitude au combat, dessinant finalement une sorte d'épopée débridée presque sans but, même si les auteurs savent ménager les surprises jusqu'en fin d'album. Lajos Farkas propose un graphisme classique et techniquement abouti, mais ses enchaînements mériteraient parfois un peu plus de clarté, pour éviter de petits ralentissements dans une lecture qui se veut avant tout distrayante. Il dépeint magnifiquement Tombouctou en construction, ou le futur port de Dakar, contribuant à un épisode très dépaysant. Un nouvel exercice de style plutôt agréable, qui comme beaucoup de tomes de Jour J, mérite une seconde lecture après quelques révisions historiques.