L'histoire :
Sur l'île d'Haïti, une prêtresse vaudou invoque les esprits, et la lutte de plus de dix ans que les habitants ont menée contre les blancs. Le général Toussaint a été fait prisonnier, et va bientôt voguer en direction de la France dans les cales d'un navire de l'armée coloniale. Mais au cœur de la cérémonie, un homme blanc surgit et boit le sang du cochon noir. Il s'appelle Walker O Reilly. Il va prendre la tête d'une expédition qui va attaquer le navire français, et libérer Toussaint Louverture. Le général va pouvoir revenir aux sources, invoquer les esprits pour retrouver une force dont il avait cru pouvoir se passer. Aux côtés d'un irlandais aux motivations inconnues, il va mettre fin aux oppositions internes et reprendre le pouvoir sur Port au Prince. Mais la France ne compte pas en rester là, et décide un blocus de l'île, en attendant de pouvoir passer à l'attaque. Le soutien déclaré des Etats-Unis, dont le président Jefferson propose à la France de l'aider dans un assaut futur, va faire basculer la stratégie de Walker. Il décide de prendre pied sur les côtes de Floride, pour tenter d'organiser la révolte des esclaves noirs du sud du pays.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Et si Toussaint Louverture n'avait pas quitté le territoire qui allait devenir Haïti en 1802 ? En imaginant que l'un des fondateurs de la marche vers l'indépendance de cette demi île des Caraïbes mène à bien sa lutte pour le pouvoir, Jean-Pierre Pécau et Fred Duval se laissent aller à une histoire alternative qui mélange la magie et les personnages historiques. Même sans connaître les détails de l'histoire de Saint Domingue au début du XIXème siècle, on comprend que les auteurs voient grand, en imaginant que la lutte sur cette petite île entraîne avec elle une révolte aux Etats-Unis. Ils ne manquent pas de parsemer leur récit de luttes internes et de rivalités de pouvoir, rappelant que les ambitions personnelles sont souvent une dimension majeure des grands moments de l'Histoire. Au dessin, Dim D déploie de belles capacités pour plonger les personnages dans des paysages très détaillés, utilisant des « effets de caméra » très cinématographiques. Son découpage un peu compliqué laisse cependant parfois planer le doute sur le sens de l'action, ou sur la raison d'être d'une case particulière, comme dans la progression des canots vers le navire français. Son travail fouillé demande un peu plus de temps d'arrêt que le rythme du récit ne nous le permet. Il accompagne, cela dit, avec un certain brio, les idées visuelles de ses auteurs. Ce nouveau volume de Jour J est donc fidèle à l'esprit de la série, titillant l'imagination sur fond d'un récit spectaculaire et surprenant.