L'histoire :
Le chevalier Amaury de Chatillon n'est pas homme à reculer devant le défi d'un combat à mort. Pourtant, ce jour-là, le Comte Eudes de Champagne va lui infliger une grave blessure. Allongé sous sa tente à deux pas du chantier de Notre Dame de Londres, il réclame la présence d'Ariana, au milieu d'une fièvre qui ravive ses souvenirs. Quelques années plus tôt, avec ses frères templiers et aux côtés de vénitiens sans scrupules, il attaquait les remparts de Constantinople pour vaincre les grecs et faire de la ville une nouvelle Rome. C'est en cette année 1204 qu'il empêche un des chevaliers assaillants de violer une jeune femme sur l'autel d'une église, dans les heures de folie et de saccage qui suivent la victoire. Lorsque le lieu sacré prend feu, c'est avec la jeune grecque considérée comme une sorcière qu'il prend la fuite, accusé d'avoir attaqué un noble et le père de ce dernier qui prenait sa défense. Sur la route, aux côtés d'Ariana, il va découvrir comment la jeune et belle femme utilise sans aucun scrupule ses charmes pour subvenir à leurs besoins. Et réaliser sur la route vers Rouen la profondeur des motivations de son étonnante compagne...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour point de départ de ce nouveau Jour J, Fred Duval et Jean-Pierre Pécau imaginent que la conquête de l'Angleterre au début du XIIIème siècle a été un succès. Dans ce contexte dystopique, ils mettent en scène un des personnages respectés des premières années d'un règne de Louis VIII sur Londres. Mais à travers les souvenirs d'Amaury sur son lit d'homme blessé, ils nous plongent quelques années plu tôt dans les suites du sac de Constantinople, qui structure toute la première partie de l'album. Ils prennent soin de parsemer leur récit de multiples citations et éléments historiques, donnant comme à chaque fois une force particulière à leur imagination décalée. Or il semble que très peu de choses séparaient en fait leur réalité imaginée et celle qui a forgé l'histoire. Les auteurs confirment également l'équilibre qu'ils ont trouvé pour que leur série ne demande pas une érudition hors du commun. Cette aventure s'apprécie en tant que telle, avec deux personnages très forts et une habile mise en scène qui commence par la fin (il n'y a pas que James Cameron avec Titanic pour user le procédé du flash-forward). Le dessinateur Leo Pilipovic contribue à cette lecture grand-public avec un style réaliste précis et dynamique, et une imagination graphique visiblement nourrie de Hermann et autres grands maîtres du genre. Ce nouvel opus se lit sans reprendre son souffle et titille suffisamment l'imagination pour qu'on prenne ensuite le temps de se rafraîchir la mémoire historique en lisant quelques articles sur le net...