L'histoire :
Un immeuble d’habitation. Au rez-de-chaussée, l’appartement de Gérard Orbay, promoteur à l’origine de la construction de l’immeuble, est vide. Au premier, le jeune couple Sandra et Antoine Vanecker couche les enfants et s’apprête à se rendre avec la frangine Jade au second, pour la pendaison de crémaillère de Franck et Marlène. Enfin, dans l’appartement sous-comble du grenier, Bruno Orbay, fils du promoteur, s’apprête à jouer un tour pendable à son père, en compagnie d’un ami. En effet, après quelques essais infructueux, l’ami parvient enfin à téléphoner à Madame Orbay, qui vient de rentrer dans l’appartement du premier. Il lui annonce qu’il a kidnappé Bruno contre rançon. Affolée, Madame Orbay monte quérir son époux, qui s’est déjà rendu à la pendaison de crémaillère. Elle ignore alors que son mari s’est discrètement éclipsé au grenier, en compagnie… de son amante… Marlène ! Bruno et son ami se réfugient dans le cagibi, les deux amants entrent dans la pièce et se livrent à quelques ébats rapides. Pendant ce temps à la soirée qui bat son plein, Jade, sœur de Sandra Vanecker, fait la galante connaissance de Pierre Leroy, architecte de l’immeuble…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est bête comme chou, mais il fallait y penser ! Après tout, les cases d’une page quadrillée de BD se présentent comme autant de fenêtres d’un immeuble. Pourquoi ne pas aller jusqu’au bout de cette idée et livrer un album entier construit selon la vue qu’aurait un voisin d’en face voyeuriste ? Le principe est élémentaire : les cases du haut illustrent le grenier, celles du dessous le deuxième étage, celles du dessous le premier et enfin celles du bas le rez-de-chaussée. Les sens de lectures se font alors au choix du lecteur, de gauche à droite ou de bas en haut, ou en sautant plusieurs étages d’un coup… sans pour autant perdre la moindre lisibilité ! Ainsi, avec un certain brio, Brigitte Luciani construit une comédie anecdotique qui dure l’espace d’un soir, quelque part entre le Vaudeville moderne et le récit chorale. Car ces 15 protagonistes ont des occupations qui s’enchaînent et s’intercalent habilement, avec une unité de temps et de mouvement parfaite. Les uns se cachent et les autres complotent dans les cases du haut, d’autres encore s’amusent en dessous, une quatrième s’angoisse en bas… Servi par le dessin léger et stylisé de la dessinatrice « Colonel Moutarde », assez proche des illustrations de presse féminine, tout cela se dévore avec une certaine jubilation. Sans compter sur une pirouette finale habile et inattendue…