L'histoire :
Dans les années 60, Warren Wednesday, un blanc qui défendait la cause Navajo, avait défrayé la chronique en organisant l’assassinat d’un réalisateur de westerns qu’il jugeait trop pro-américain. Condamné à la peine capitale, il fut exécuté au moment même où naissait son fils, en promettant que sa lutte continuerait à travers lui. Warren fils grandit, persuadé d’être la réincarnation de son père et se mit à exécuter un à un les jurés responsables de « sa » mort. Au passage, il ajoute à sa liste de mort deux garçons qui l’ont trahi. L’un deux, Jonathan Rowland, survit toutefois et vit aujourd’hui dans la hantise de cet assassin que tout le monde ignore. Car Warren est devenu un acteur adulé des foules, sous le nom de Scott Green ! Les feux des médias sont d’ailleurs braqués sur lui, car il vient de réaliser son premier film, « Wednesday », dans lequel il incarne à la perfection… l’assassin Warren Wednesday ! Cela en est trop pour Jonathan. Le soir de l’avant-première, il décide de tirer sur Scott Green, mais rien ne se passe pas comme prévu. Alors que Warren/Green est pris à partie dans une manifestation de Navajo, il est encore tellement dans son rôle qu’il reproduit l’acte de son père en prenant les spectateurs du cinéma en otage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Enfin ! Rarement conclusion se sera faite autant attendre ! Sept ans que Luc Brunschwig et Servain nous font poireauter, à cause d’une (excellente) histoire de Siloë (2 tomes avec Serge Le Tendre) qui est passée par là… L’esprit de Warren est donc l’histoire d’une lutte politique, la reconnaissance du peuple Navajo, mais aussi et surtout celle d’une réincarnation meurtrière, donnant lieu à un thriller palpitant et angoissant. Warren a-t-il survécu au temps en se réincarnant dans son fils, ou son fils s’est-il persuadé de ce transfert d’identité au point de devenir Warren ? A l’issu de cet ultime épisode, le trouble persiste. Les personnages sont tous très crédibles, les dialogues sonnent juste et l’histoire n’en est que plus percutante. Avec maestria, Brunschwig évite donc la facilité et parachève ce polar musclé sans concessions. Warren n’aura pas droit à la rédemption et Jonathan s’enfonce dans ce qui semble être une spirale destructrice… jusqu’aux dernières planches qui nous laissent sans voix. De son côté, Servain livre un dessin réaliste, peut-être plus rapide dans son exécution, mais aussi plus mature dans ses cadrages. Une série incontournable de la collection Sang Froid.
