L'histoire :
Au début du XXème siècle, une forte rivalité divise les gamins de deux villages voisins : Longeverne et Velrans. Dès cette rentrée des classes, une fois les travaux des champs achevés, les hostilités reprennent, car ceux de Verlans ont traité deux de Longeverne de « couilles molles ». Il faut venger cette insulte, déclare Lebrac à la tête des gamins de Longervene. Lebrac est aussi surnommé « le général » en raison de son courage et de sa loyauté indéfectible. Il décide d’une expédition nocturne pour poser la déclaration de guerre. Ils sont donc 5 à faire le mur, la nuit suivante, pour aller écrire à la craie sur le mur de l’école de Velrans : « Tous les Velrans sont des peigne-culs ». L’honneur de cette inscription revient à la Crique, premier de classe, le seul capable de ne pas faire de faute d’orthographe. Le dimanche suivant, deux groupes se retrouvent pour s’affronter dans les bois, à coups de poings, de frondes et de bâtons. Les Velrans sont menés par l’Aztec et ils sont tout aussi décidés à en découdre. La seule crainte des belligérants des deux bords est d’abimer leurs vêtements, car cela est synonyme de roustes parentales, le soir venu. Pour éviter cela, les gamins montrent beaucoup d’imagination…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis octobre 2010, l’œuvre de Louis Pergaud est tombée dans le domaine public. Dès cette année 2011, deux projets de films rivaux se sont donc attaqués à l’adaptation sur grand écran de son plus célèbre roman. Rappelons que La guerre des boutons avait déjà fait l’objet d’une célèbre transposition ciné, par Yves Robert. Cette double actualité, insolite pour le 7ème art, l’est certes moins au sein du 9ème art. Le microcosme de la bande dessinée fait donc encore plus fort : 3 séries sortent presque de concert ! Intéressons nous ici au one-shot réalisé par le duo Philippe Thirault (chargé des arrangements narratifs et séquentiels) et Aude Solheilac (au dessin), chez Delcourt. Les auteurs n’en sont pas à leur coup d’essai au sein de la collection ex-libris, qui ne fait que des adaptations fidèles aux œuvres originales. Le premier a accroché un Père Goriot de Balzac à son palmarès ; la seconde un Tour du monde en 80 jours de Jules Verne. Le roman tient donc ici en 46 planches… c’est bien suffisant vue la surdose médiatique sur le sujet, mais un peu léger pour saisir l’entièreté du propos. On retrouve certes les injures rigolotes, la collection de bastons, les exactions de garnements, les combines de mercerie, ainsi que la rigueur éducative propre à l’école de Jules Ferry. En revanche, les tensions entre l’Eglise et le mouvement anticlérical sont plus suggérées (la séparation entre l’Eglise et l’Etat date de 1905, le roman de 1912). Cela n’empêche pas de (re)découvrir avec plaisir une œuvre culte du patrimoine littéraire français, illustré à l’aide d’un trait très semi réaliste ultra lisible et donc très agréable.